Vernon Politique

Front de Gauche aux Lilas, des militants entre espoir et incrédulité

EdNonrev

Sur la droite, Catherine Picard et Jean-Luc Lecomte, pendant le discours de Jean-Luc Mélenchon.

Hier soir à Vernon, au bar des Lilas, se tenait une “écoute collective” du meeting parisien de Jean-Luc Mélenchon et du Front de Gauche. Ceci, suite à l’appel dans les médias locaux de Jean-Luc Lecomte, adjoint à l’urbanisme de Vernon et candidat aux législatives dans la cinquième circonscription.

Une trentaine de militants et sympathisants avaient répondu présents ce jeudi soir, des militants qui avaient moins de trente ans, ou plus de cinquante ans. Une répartition très différente de celle des rassemblements vernonnais de l’UMP ou d’EELV, avec un trou générationnel très important.

Pour les élus vernonnais, ce sont Emmanuel Colletis1, Carole Depuiset et bien sûr Jean-Luc Lecomte, qui étaient présents. Catherine Picard, ancienne députée socialiste de la cinquième circonscription, et directrice de la campagne de Jean-Luc Lecomte, était présente également, tout comme Christine Leclerq, conseillère municipale à Mont Saint Aignan.

Cette “écoute collective” vernonnaise était aussi tenue dans de nombreuses villes de France. Des rassemblements rendus possibles par la diffusion en direct du meeting parisien du Front de Gauche sur le site de vidéos en ligne Dailymotion.

Pourtant, à Vernon, cela avait très mal débuté. Quelques minutes avant le début du discours de Jean-Luc Mélenchon, les élus du Front de Gauche se débattaient avec les cables et la télévision du bar, sans succès. Devant leurs difficultés techniques, je me suis permis de leur indiquer la nécessité d’acheter un cable spécifique. C’est ainsi que je me suis retrouvé à accompagner Catherine Picard et Jean-Luc Lecomte au Monoprix, situé tout à côté du bar. J’ai également accepté de prêter mon ordinateur pour la retransmission, seul celui-ci permettant un branchement à la télévision du bar2.

Ces questions techniques furent réglées juste à temps pour le début du discours du candidat du Front de Gauche. Un discours de plus d’une heure vingt, fort bien mené par un Jean-Luc Mélenchon dont les qualités d’orateur sont connues3.

Dans le bar, les clients venant acheter des cigarettes ont regardé avec une certaine curiosité ce petit rassemblement vernonnais. Et parfois un sourire : d’étonnement pour certains, de franche dérision pour d’autres. Un risque inhérent à la tenue de tels rassemblements dans un endroit public…

Longuement, Jean-Luc Mélenchon a attaqué le Front National, un choix stratégique du Front de Gauche lors de cette campagne. Un choix qui semble d’ailleurs payer, compte tenu de la baisse sensible de Marine Le Pen dans les sondages par rapport aux scores de son père aux dernières élections.

Le candidat aux présidentielles a également beaucoup parlé de la droite traditionnelle, sur un petit air de lutte des classes. Dans le bar, ces répliques ont recueilli quelques applaudissements, et pas mal de rires lorsque leur candidat usait d’humour, ce qu’il a fait à plusieurs reprises :

Les Parisot et autres, ils ne m’aiment pas et je le leur rend bien. […] Comme ils disaient “plutôt Hitler que le Front Populaire”, ceux-là disent “Marine Le Pen plutôt que Mélenchon”.
[…]
Nous devons rendre les coups !
[…]
Ce pays est à nous ! [NdA : aux ouvriers et aux salariés]

Enfin, Jean-Luc Mélenchon a parlé, dans les mêmes proportions que les deux sujets précédents, de ses idéaux politiques. Des propositions qui ont rencontré beaucoup de succès aux Lilas, déclenchant le plus d’applaudissements et de discussions, en particulier ces propos :

Tout le monde mange du couscous et des merguez dans ce pays, l’intégration est réussie !
[…]
Nous sommes une nation universaliste, pas une nation occidentale.

Début du discours de Jean-Luc Mélenchon, les militants attentifs au bar des Lilas.

Le discours de Jean-Luc Mélenchon fut écouté avec attention, quelques applaudissements, et de plus en plus de discussions, par les militants présents aux Lilas ainsi que par les patrons du bar4. À la fin, le refrain de l’Internationale fut entonné : cela a permis de constater que les deux tiers des militants du Front de Gauche étaient issus du Parti Communiste Français5. C’est cependant par une Marseillaise, chantée par tous, que s’est clos le meeting, à Paris comme à Vernon.

Dans le bar régnait une atmosphère un peu étrange lors de cette “écoute collective” : les militants semblaient ne pas oser croire à la possibilité que leur candidat à l’élection présidentielle fasse un score tel que le lui prédisent les derniers sondages. Après le discours, Jean-Luc Lecomte s’est dit “satisfait” du nombre de personnes présentes aux Lilas. Les autres élus présents, comme Jean-Luc Mélenchon dans son discours, se sont également montrés émus de la présence importante de jeunes au sein du Front de Gauche6.


Aller plus loin :

Vidéo de Caméra Diagonale : Vernon, café-meeting dans un bar de la ville

Articles de la presse nationale consacrés au meeting parisien du Front de Gauche :

  • France Info : Mélenchon éreinte Le Pen dans le sprint final
  • Le Monde : Mélenchon appelle au “vote utile” Front de Gauche face à Le Pen
  • Le Figaro : Mélenchon veut être une force d’opposition
  • Libération : Un Mélenchon dernier cri
  • L’Humanité : Grand meeting de Mélenchon : pourquoi ils sont venus à la Porte de Versailles
  1. Qui prenait des notes de temps en temps, et “pas que sur la santé”, a précisé le médecin de l’hôpital à la fin du discours.
  2. Que le lecteur me pardonne s’il le voit comme une brèche dans mon intégrité journalistique. Pour information, j’aurais proposé mon aide technique à n’importe quel parti politique dans la même situation.
  3. Un discours peut-être un peu long cependant : le public du bar a nettement relâché son attention sur la fin. Cela semble valider le choix de l’UMP, la semaine dernière à Saint-Marcel, de limiter la durée du discours de François Fillon à quarante-cinq minutes.
  4. Une seule fausse note : l’intervention bruyante d’une habituée du bar, votante Front National et qui tenait à le faire savoir. Après moultes discussions avec le patron du bar, celle-ci a accepté de ne pas déranger le rassemblement. Mais aucun militant n’a essayé ensuite de discuter avec elle…
  5. Des militants facilement reconnaissables : ils connaissaient les paroles.
  6. Alors que l’absence totale de militants de moins de cinquante ans pouvait laisser croire, il y a encore quelques années, à la mort lente et inéluctable de leur parti.