Vernon Politique

Premier tour des législatives, les réactions des élus vernonnais

EdNonrev

Dimanche dernier, l’annonce du duel à venir entre Franck Gilard (UMP) et Jean-Michel Dubois (FN) au second tour des élections législatives dans la cinquième circonscription de l’Eure (Vernon – Les Andelys – Gisors) a provoqué des réactions diverses des élus et militants présents ce soir-là à la mairie de Vernon.

Presque tous ont parlé de la très faible participation lors de ce second tour, mais aussi des élections municipales de 2014. Pour le reste, dans les rangs de l’UMP, l’affaire est faite : Franck Gilard sera élu au second tour. Du côté de la gauche, si chacun a appelé à une « alliance républicaine » contre le candidat du FN, les élus et militants oscillaient entre colère et résignation.

Sommaire :

  1. Gérard Volpatti (UMP) : « Le vote républicain se fera »
  2. François Ouzilleau (UMP) : « Le travail a été fait »
  3. Philippe Nguyen Thanh (PS) : « Une certaine lassitude »
  4. Jean-Claude Mary (Vernon-défis) : « C’est la Bérézina »
  5. Jean-Luc Lecomte (Front de Gauche) : « Un véritable camouflet »
  6. Jérôme Bourlet (Europe Écologie – Les Verts) : « On offre sur un plateau une circonscription à l’UMP »
  7. Hélène Ségura : « Nous avons pris nos responsabilités »
  8. Bernard Touchagues (Parti de la France) : « Un résultat sans véritable surprise »
  9. Jean-Luc Miraux (Vernon Réussite) : « Une claque donnée par l’électorat vernonnais »

Gérard Volpatti (UMP) : « Le vote républicain se fera »

Le maire de Saint-Marcel, et président de la CAPE, s’est dit certain que Franck Gilard allait gagner, à cause du « vote républicain » des partis de gauche absents du second tour. En ce qui concerne sa ville :

Je suis bien sûr content que Franck Gilard arrive en tête. Content aussi du fait que FN est toujours présent, mais avec un pourcentage moins élevé qu’à l’accoutumée par rapport aux élections présidentielles.


François Ouzilleau (UMP) : « Le travail a été fait »

Le militant vernonnais de l’UMP était présent ce soir-là à la mairie de Vernon pour s’exprimer au nom de son parti, notamment à propos des enjeux locaux :

Le Front National est très fort, avec des scores prsque équivalents au candidat de gauche. Je constate que c’est un vrai camouflet pour Madame Ségura, qui finit quatrième dans sa propre ville.
[…]
On améliore notre score par rapport aux présidentielles à Vernon. Le travail de terrain a été fait, dans les marchés, dans les gares, en porte-à-porte, cela a porté ses fruits. Nous sommes en tête, de loin, dans 16 bureaux sur 18 [NdA : à Vernon]. C’est une très bonne nouvelle pour l’UMP vernonnaise, et très prometteur pour l’avenir.

Il souhaite que l’électorat de Franck Gilard se mobilise « encore plus » au second tour. Le militant s’est également dit « un peu déçu » par le taux de participation à Vernon et dans le reste de la France : « C’est dommage que ces élections n’intéressent pas un peu plus les citoyens. »


Philippe Nguyen Thanh (PS) : « Une certaine lassitude »

Le maire de Vernon, et soutien de la candidature de son adjointe Hélène Ségura, s’est contenté d’une très brève allocution au soir du premier tour, dans la mairie :

Il y a une abstention importante, qui ne me fait pas plaisir et dénote une certaine lassitude des électeurs. A Vernon, le parti de droite est toujours en tête. Au second tour, une alliance républicaine devrait être possible, il y aura des discussions intéressantes.


Jean-Claude Mary (Vernon Défis) : « C’est la Bérézina »

L’élu écologiste de Vernon Défis et adjoint à Vernon, qui a parlé de « Bérézina » pour le résultat vernonnais et semblait quelque peu sonné ce soir-là, a appelé à des changements au sein de la majorité municipale :

Pour inverser cette situation, il faut évidemment changer les méthodes de travail, aller vers des attitudes qui soient plus des attitudes de rassemblement. Il faut cesser ces querelles et ces rivalités partisanes.

Il a également parlé d’une manière plus générale du second tour à venir dans la cinquième circonscription et du duel entre l’UMP et le FN, dont il estime qu’il est « le signe d’une culture politique qui n’est plus transmise » et de « repères qui s’évanouissent » :

Je suis sans voix face à ce résultat. Nous allons avoir à choisir entre d’un côté la droite avec un député partisan du rétablissement de la peine de mort, un député de la Droite Populaire qui n’est pas très loin idéologiquement du FN, et d’autre part le Front National lui-même : qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ?


Jean-Luc Lecomte (Front de Gauche) : « Un véritable camouflet »

Le candidat du Front de Gauche et adjoint à Vernon a parlé de « bon score pour le Front de Gauche » en ce qui concerne Vernon. Surtout, il a parlé des résultats des différents candidats liés au parti socialiste :

On constate que Monsieur Bourlet de la Vallée est en tête, ce qui est finalement peut-être rassurant. Surtout, je constate que dans sa ville, Hélène Ségura ne fait pas un bon score, c’est un vrai camouflet. Et je rappelle que le maire de Vernon avait dit qu’elle ferait un second tour, et qu’elle-même disait battre la droite.

Le candidat battu a estimé « dramatique » le duel entre Franck Gilard et Jean-Michel Dubois au second tour de ces élections législatives. La responsabilité en revient selon lui aux « candidates dissidentes » socialistes, Hélène Ségura et Anne Mansouret : « sans ces divisions, avec un rassemblement sur une candidature de gauche, on pouvait prendre la circonscription ».

Enfin, il a parlé de l’abstention très élevée, à Vernon comme dans la cinquième circonscription de l’Eure :

Je crois que c’est aussi du fait de la division à gauche, les gens ne s’y retrouvaient pas dans la multiplication des candidatures socialistes.
[…]
Tous ces abstentionnistes, qui sont un peu découragés et ne croient plus à la politique, aujourd’hui il faut les reconquérir, et leur montrer qu’on peut avoir une vraie politique de gauche. C’est à ça que s’emploiera le Front de Gauche.


Jérôme Bourlet (EELV) : « On offre sur un plateau une circonscription à l’UMP »

La colère animait nombre des militants à son QG de campagne ce soir-là. L’élu EELV de Saint Pierre du Vauvray, investi par le PS dans la cinquième circonscription au terme de l’accord national signé avant les élections présidentielles entre ces deux partis, a fait une déclaration portée exclusivement sur les deux autres candidatures se revendiquant du Parti Socialiste :

Ce que je veux dire est très simple : quand on fait une campagne de confusion, on n’entraîne que la division et la confusion. Nous, on a fait une campagne de propositions, et c’est pour ça qu’on a créé l’adhésion. L’objectif était d’apporter un député en plus à la majorité présidentielle, et le bilan est qu’on offre sur un plateau une circonscription à l’UMP.


Hélène Ségura : « Nous avons pris nos responsabilités »

La candidate, adjointe à la mairie de Vernon et vice-présidente à la Région, a voulu attendre la parution des résultats définitifs avant de s’exprimer. C’est donc plus tard dans la soirée, à son QG de campagne où régnait une atmosphère plus résignée que du côté de Jérôme Bourlet, qu’Hélène Ségura a accepté de s’exprimer brièvement à propos de ce premier tour et de l’absence d’un candidat de gauche au second tour :

On arrive en quatrième position avec, comme on l’avait prédit, un accord entre PS et EELV qui ne nous a pas permis d’accéder au second tour, ni les uns ni les autres. Nous avons pris nos responsabilités avec cet accord, que nous avons contesté dès le démarrage1. Accord qui était fait avec une non-prise en compte des remontées des militants, ce qui a entraîné ces résultats qui ne permettent pas d’accéder au second tour.


Bernard Touchagues (Parti de la France) : « Un résultat sans véritable surprise »

Si le conseiller municipal du Parti de la France a estimé qu’en ce qui concerne la circonscription, « Franck Gilard peut fumer sa pipe tranquillement », il a longuement parlé des résultats à Vernon et des élections municipales de 2014.

Il pense que le score électoral du Front National et du Parti de la France à Vernon, presque 16 %, est en « consolidation » dans la ville. S’il est conscient du fait que le Parti de la France a encore « peu de visibilité », il a parlé ouvertement des fractures qui parcourent la droite vernonnaise et des conséquences pour les élections municipales :

Je considère que je pars avec un socle électoral de 16 % des électeurs, à moi de le faire fructifier pour que ma liste arrive en tête en 2014 au premier tour, car l’on sait qu’il y a d’autres divisions [NdA : que celles qui secouent le PS local]. Cela pourrait m’amener, en 2014, à être le leader à droite de la ville de Vernon.


Jean-Luc Miraux (Vernon Réussite) : « Une claque donnée par l’électorat vernonnais »

L’ancien maire de Vernon, candidat avec son groupe en 2014, a montré un certain étonnement en ce qui concerne les résultats dans l’ensemble de la cinquième circonscription : « La gauche doit représenter 40 % des voix et elle n’est pas représentée au second tour, c’est de l’inédit. »

Par contre, pour Vernon, les déclarations se font plus assurées, dirigées d’abord contre le maire et son adjointe Hélène Ségura :

La constatation qu’on peut faire est que c’est la première fois qu’on voit une telle dispersion des candidats de gauche. C’est le résultat de l’égo fantastique du maire et de son adjointe, malgré les nombreux avertissements.
[…]
Elle arrive en quatrième position à Vernon, c’est une claque donnée par l’électorat vernonnais à cette équipe municipale, et un résultat pitoyable lorsqu’on est soutenue par le maire de Vernon.


Aller plus loin :

Sur ce site :

  1. Cinquième circonscription, la gauche déconfite et un boulevard pour Franck Gilard
  2. Législatives à Vernon et Saint-Marcel : la carte des résultats du premier tour, bureau par bureau
  1. Si les socialistes vernonnais ont effectivement protesté, en décembre 2012, contre le fait de réserver la cinquième circonscription à un élus d’EELV, Hélène Ségura a attendu le second tour des présidentielles pour se présenter. Jérôme Bourlet faisait à ce moment-là campagne depuis déjà plusieurs mois, et Anne Mansouret avait déclaré sa candidature dissidente un mois auparavant.