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Hôpital de Vernon : « sur la bonne voie », mais encore « de gros efforts » en 2013

EdNonrev

De gauche à droite : Gabriel Sino (adjoint), Hélène Ségura (adjointe), Philippe Nguyen Thanh (maire de Vernon), Roger Duval (président du conseil de surveillance), Olivier Brand (directeur du CHI), docteur Richard (président du comité médical d

De gauche à droite : Gabriel Sino (adjoint), Hélène Ségura (adjointe), Philippe Nguyen Thanh (maire de Vernon), Roger Duval (président du conseil de surveillance), Olivier Brand (directeur du CHI), docteur Richard (président du comité médical d’établissement), docteur Bouasria (vice-président du comité médical d’établissement).

Mardi dernier se sont déroulés les vœux du directeur du centre hospitalier intercommunal Eure-Seine, Olivier Brand, aux agents de l’hôpital Saint-Louis. Une cérémonie nettement plus apaisée que celle de l’année dernière, qui avait eu lieu sous les auspices d’un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS). Un rapport qui recommandait la fermeture de certains services.

Les signes de cet apaisement : un personnel venu moins nombreux, et l’absence d’un certain nombre d’hommes politiques présents l’année dernière. Seule la majorité socialiste était représentée ce jour-là, par l’intermédiaire du maire de Vernon (et médecin généraliste), accompagné de ses adjoints Hélène Ségura et Gabriel Sino.

Le pire a, semble-t-il, été évité : le déficit est de 9,5 millions d’euros en 2012 (13,5 millions d’euros en 2011) pour un budget global de 180 millions d’euros, chirurgie comme maternité sont toujours ouverts à Vernon, et des investissements importants seront faits sur le site (comme sur le site d’Évreux). Seule ombre au tableau : la CGT s’inquiète de la charge de travail supplémentaire qui sera demandée au personnel en 2013.

Sommaire :

  1. Du changement en 2013 pour l’hôpital Saint-Louis
  2. Olivier Brand : “Nous avons choisi un scénario de confiance”
  3. Philippe Nguyen Thanh : “Souvent, j’ai eu un rôle ingrat en appelant à la vigilance”
  4. Maryse Juvigny (CGT) : “Quid du personnel et des conditions de travail ?”

Du changement en 2013 pour l’hôpital Saint-Louis

Un nouveau directeur adjoint arrive au CHI, Jean-Yves Autret. Il était auparavant directeur adjoint à l’hôpital Elbœuf – Louviers, et sera en charge du site de Vernon. Il remplace à ce poste Jérôme Triquet, qui dirige maintenant l’hôpital gériatrique de Pacy-sur-Eure.

Après la création en 2012 d’une salle d’accouchement “nature” à Vernon et à Évreux, toutes les chambres de la maternité de Vernon vont être rénovées dans les semaines à venir1.

Les consultations à l’hôpital Saint-Louis devraient se renforcer sensiblement l’année prochaine : ORL, cancérologie, ophtalmologie, électromyogramme, neurologie et dermatologie doivent voir le jour, ou leur fréquence augmenter pour celles qui existent déjà. Et le laboratoire devrait accepter bientôt de faire les analyses des Vernonnais non hospitalisés.

Les équipes d’anesthésistes seront fusionnées entre les deux sites, et renforcées avec des embauches. Cela devrait permettre d’améliorer la qualité des soins à Vernon, l’anesthésie représentant depuis longtemps un des points faibles du site.

Le service d’imagerie de Vernon aura un matériel flambant neuf : après le scanner en 2012, c’est un nouvel IRM qui sera installé en mars 2013. De quoi pérenniser un service sur lequel beaucoup de craintes s’étaient portées l’année dernière.

Un service de court séjour gériatrique doit ouvrir prochainement, sur le modèle de celui qui a été ouvert à Évreux. La direction a assuré que c’était de “la médecine de pointe” et qu’il n’était pas question de “transformer l’hôpital de Vernon en maison de retraite”. Il a également été affirmé que ce service n’ouvrirait pas au détriment d’un autre.

Enfin, depuis le premier janvier 2013, l’ensemble de la psychiatrie (adulte et enfant) a été transférée administrativement à l’hôpital psychiatrique de Navarre (Évreux). Ce dernier devient ainsi la seule structure psychiatrique hospitalière de l’Eure, conformément aux souhaits de l’agence régionale de santé (ARS).

Cela ne devrait rien changer pour les patients vernonnais, consultations et hospitalisations restant à Vernon. Selon le directeur du CHI Eure-Seine, cela doit permettre de “renforcer et développer” la psychiatrie et d’attirer de nouveaux médecins, alors que l’Eure est “très défavorisée” dans ce domaine2.


Olivier Brand : “Nous avons choisi un scénario de confiance”

Olivier Brand, de meilleure humeur qu

Olivier Brand, de meilleure humeur qu’en 2012.

Le directeur du centre hospitalier a commencé par rappeler “l’électrochoc” que constitua le rapport de l’IGAS : le diagnostic était “sans concession”, et les mesures proposées “probablement disproportionnées”. Il a assuré que l’ARS, comme les élus, l’ont soutenu dans le choix d’un scénario “alternatif”, sans fermeture de services. L’hôpital serait désormais “sur la bonne voie”3.

Christian Richard, médecin et président de la commission médicale d’établissement, a soutenu le principe des services mutualisés entre Évreux et Vernon, au nom des économies d’échelle comme du recrutement : “Plus on a un nombre important de praticiens dans une pratique, plus on attire d’autres praticiens”. Il estime que les mutualisations de 2012 se sont déroulées “dans de bonnes conditions”, malgré “un certain nombre de craintes” lors de leur mise en place.

Olivier Brand a reconnu, lui aussi, que le choix de mutualiser des services en les rendant bi-sites en 2012 avait entraîné “des réactions” du personnel vernonnais4. Il a cependant assuré les présents du maintien d’une activité sur Vernon de ces services bi-sites, et a affirmé que “ce qui est bon pour Évreux est bon pour Vernon”.

Christian Richard a rappelé que l’objectif principal des années à venir serait “l’augmentation de l’activité”. Cela doit se faire avec les mutualisations, ainsi que par “des améliorations dans le management”. Il estime que si des résultats ont “déjà été obtenus”, il faut continuer pour “sortir d’un système beaucoup trop rigide et fermé”5.

Le directeur du CHI a remercié “l’ensemble des équipes” de l’hôpital pour leurs “gros efforts” en 2012. Avant d’annoncer qu’ils allaient “devoir en faire encore”. Christian Richard, qui a également demandé “un investissement fort” du personnel, a prévenu qu’il y aurait “probablement […] des moments de tensions” pour 2013.

Enfin, Christian Richard s’est chargé de donner une autre bonne nouvelle : les efforts, apparemment couronnés de succès, pour établir de meilleures relations avec les médecins libéraux de Vernon. Un annuaire des services leur est maintenant distribué, comme une lettre d’information trimestrielle pour présenter les changements à l’hôpital, ainsi que l’organisation de formations médicales continues et de “soirées médicales”6.


Philippe Nguyen Thanh : “Souvent, j’ai eu un rôle ingrat en appelant à la vigilance”

Le maire de Vernon a affirmé son “enthousiasme” pour le projet médical de la direction, tout en reconnaissant que le déficit important représentait une “vraie difficulté”. Il s’est également joint au discours du directeur, “en particulier pour les remerciements aux équipes de soignants et d’administratifs”.

Cependant, il a mentionné à plusieurs reprises sa “vigilance”, affirmant : “je l’ai toujours fait, et je crois que c’est nécessaire”. Il s’est montré plutôt offensif, notamment à propos des mutualisations :

Mutualisation oui, mais je dis attention sur les personnels et la qualité des soins. […] La télétransmission de l’imagerie est bien, mais il faut aussi des radiologues. […] Je veux que l’hôpital reste actif et attractif. […] Plus l’hôpital d’Évreux va être costaud, plus notre hôpital sera costaud.

Il s’est également montré prudent quant à l’occupation pour 2016 de locaux du site d’Évreux par la clinique Bergouignan, parlant de “grande vigilance” et “d’hôpitaux privés qui captent certaines activités” de l’hôpital public7.

Philippe Nguyen Thanh s’est également prononcé, plus largement, sur la situation nationale des hôpitaux. S’il s’est montré nettement moins offensif que l’année dernière, changement de gouvernement oblige, il n’en a pas moins reconnu “un vrai problème”, et a appelé à changer “un certain nombre de choses”8.


Maryse Juvigny (CGT) : “Quid du personnel et des conditions de travail ?”

Du côté des syndicats, c’est Maryse Juvigny, déléguée syndicale CGT du site de Vernon, qui a accepté de donner ses impressions après la cérémonie. Elle a reconnu l’indéniable amélioration des perspectives de l’hôpital lui-même :

Ce sont des vœux très optimistes, avec un projet fort. On ne peut que se satisfaire de la conservation et des investissements à la maternité.

Elle a été “agréablement surprise” d’entendre le maire se dire “vigilant” sur la qualité des soins et la nécessité de ne pas supprimer un service pour faire place à l’ouverture du service gériatrique. Un service reconnu comme nécessaire, pour “gérer les besoins” en gériatrie de la population vernonnaise

La crainte majeure, à entendre la déléguée CGT, ce sont les conditions de travail des personnels de Vernon et d’Évreux, alors que la direction “cherche encore en 2013 à combler les déficits” :

Le personnel est toujours aussi courageux au travail, on revoit toutes nos organisations pour répondre aux grands projets. Mais ça devient de plus en plus compliqué au niveau des conditions de travail. Il va être difficile de faire à nouveau tant d’efforts, pourtant demandés en 2013.

Si Maryse Juvigny reconnaît que “quand ça va dans le bon sens, ça va tous ensemble”, elle se demande si toutes les mutualisations vont permettre une amélioration de la qualité des soins. Et donne l’exemple du laboratoire, dont les analyses sont désormais faites à Évreux :

Maintenant, au laboratoire, nous n’avons plus les analyses dans la journée. Cela signifie que des patients sortent de l’hôpital sans avoir tous leurs résultats d’analyse.

  1. L’activité de la maternité a été stable en 2012 avec 900 729 accouchements), malgré l’objectif de 1000 naissances en 2014.
  2. Par ailleurs, le centre médico-psychologique pour enfants des Andelys, fermé sans explications depuis plusieurs mois maintenant, devrait “probablement réouvrir” selon le directeur, qui parle d’activités “suspendues”. Cependant, il admet qu’il n’a “plus en charge” cette responsabilité. À la direction de l’hôpital de Navarre de décider, désormais.
  3. Même si pour le moment, il est toujours sous contrôle du ministère de la Santé et du comité des risques financiers, avec l’obligation de mettre en oeuvre un “plan de retour à l’équilibre financier”.
  4. Par exemple : l’imagerie, la pharmacie, la stérilisation ou le laboratoire sont maintenant des activités traitées par un pôle identique pour Évreux et Vernon.
  5. Exemple à l’appui : “Il ne faut plus qu’on soit amenés à transférer ailleurs des patients parce qu’il n’y a pas assez de lits dans un service, alors qu’un autre service de l’hôpital avait les capacités de recevoir ces patients. Il faut aussi améliorer les plannings d’opérations, pour que des patients en attente ne bloquent pas des lits qui pourraient permettre d’élargir l’offre de soins.”
  6. D’ailleurs, le maire de Vernon, qui, en tant que médecin de ville, avait fustigé en 2012 le peu de communication de l’hôpital, n’a pas abordé le sujet cette année.
  7. Le lecteur pourra noter que le maire de Vernon n’avait pas ces pudeurs, lorsqu’il se réjouissait, récemment, de l’ouverture en 2015 d’une clinique psychiatrique à Vernon.
  8. Il a affirmé avoir rencontré la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui a commandé un rapport sur le sujet. Le maire et Olivier Brand ont tous deux dit espérer beaucoup de celui-ci, notamment des changements dans les financements, et le retour de pouvoirs décisionnaires pour le conseil d’administration de l’hôpital, là où siègent les élus.