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Vernon : ancienne piscine d’été, la facture augmente de 30 % (minimum)

EdNonrev

Plan du projet de réaménagement du site de l’ancienne piscine d’été. Cliquez sur l’image pour la voir en grand format. | Source : Vert Latitude & Mairie de Vernon

Un des grands investissements municipaux de l’année 2013 sera le réaménagement du site de l’ancienne piscine d’été, en bord de Seine. Le projet, qui doit transformer le lieu en esplanade et des gradins enherbés, sera d’ailleurs abordé lors de la réunion publique organisée le 21 janvier prochain à la mairie de Vernon.

La majorité municipale avait prévu de dépenser 1,2 million d’euros pour les travaux. Elle vient de recevoir les réponses des entreprises, avec une très mauvaise surprise : la moins chère des propositions se monte à 2,2 millions d’euros. Le projet va donc être modifié, un peu retardé, et les appels d’offres relancés.

Présentation du projet sur le site du cabinet Vert Latitude, avec son tarif initial de 1,2 million d’euros. Copie d’écran du 11 janvier 2013.

L’histoire commence en mai 2011. La mairie commande une étude consacrée au réaménagement de l’ancienne piscine d’été, fermée depuis des années. Le site est au cœur de la stratégie de revalorisation des berges de Seine. Un marché public est lancé, qui est attribué aux cabinets d’architectes Ingé-Infra et Vert Latitude, pour 15950 euros.

Quelques mois plus tard, l’un des trois scénarios formulés par les cabinets d’étude est choisi. Le 13 janvier 2012, le projet est annoncé en conseil municipal. Les travaux sont évalués à 1,2 millions d’euros, évaluation établie par les architectes1.

Un appel d’offres est publié pour la maîtrise d’œuvre (contrôle et supervision du chantier). Deux candidats se présentent, dont le groupement Ingé-Infra/Vert Latitude, qui remporte à nouveau le marché2.

Jean-Luc Lecomte, adjoint communiste à l’urbanisme, assure que « la responsable des marchés publics a veillé à ce que tous les candidats aient les mêmes informations ». Et, dans les deux appels d’offres, il n’était pas précisé que l’entreprise responsable de l’étude ne pourrait concourir pour la réalisation3.

Le 20 décembre 2012, la mairie de Vernon découvre les réponses des entreprises du bâtiment ayant répondu aux appels d’offres lancés pour l’exécution des travaux. Avec, à la clé, ce fameux supplément d’un million d’euros par rapport à l’évaluation initiale. Presque un doublement de la facture, qui oblige le maire de Vernon à annuler le processus.

Jean-Luc Lecomte admet sans peine que les architectes ont produit une « fausse estimation patente » dans leur étude. Cependant, l’adjoint à l’urbanisme estime que le surcoût provient également d’une « mauvaise surprise » de la part des entreprises.

Il relativise donc cette très forte augmentation, en assurant que la facture finale sera moins élevée pour les Vernonnais :

En modifiant un peu les choses pour que certaines soient moins coûteuses, et en espérant que les entreprises soient plus raisonnables, on devrait s’approcher d’un prix de 1,5 à 1,6 millions d’euros.

L’augmentation, dans cette hypothèse optimiste, serait tout de même de 30 % environ. En termes de délais, Jean-Luc Lecomte reste convaincu que les travaux, qui doivent durer quatre mois environ, seront terminés en 2013 malgré ce retard.

Jean-Luc Piednoir, le premier adjoint socialiste, a été contacté pour commenter cette augmentation importante des coûts, ainsi que le choix de ne pas avoir lancé un appel à concours architectural. Sa réponse sera intégrée à travers une mise à jour dès qu’elle sera reçue.


Le projet initial en détail

Les architectes expliquent leur projet aux élus vernonnais, le 12 décembre dernier.

Le 12 décembre dernier, le groupement de cabinets d’étude a présenté l’aspect urbanistique et architectural du projet, lors d’un conseil municipal consacré aux grands projets d’urbanisme pour 2013.

Une des contraintes du projet était la conservation de la mémoire du lieu. Les architectes ont choisi de garder le plongeoir, et de créer un « miroir d’eau » de quelques centimètres de profondeur dont la forme respecte celle de l’ancien grand bassin. Ce « miroir » doit être accompagné de jeux d’eaux similaires à ceux de l’espace Philippe Auguste, et de brumisateurs.

Voulue comme « un trait d’union avec la ville », une « grande dalle » en béton fera se rejoindre la piscine à la cours du Marché aux chevaux. Le long de la Seine prendra place un quai, lui aussi en béton.

Autour de la dalle, des gradins enherbés seront créés, accompagnés de « placettes », de « petits solariums » et de « bosquets intimistes ». Des « fabriques », sortes de cubes avec les sanitaires et les espaces techniques, seront disséminées sur le site. Enfin, l’éclairage devrait constituer un « tapis de lumière », qui serait en fait « un balisage plus qu’un éclairage ».

Les personnes à mobilité réduite pourront accéder à la dalle de béton, ainsi qu’à la promenade en contrebas, sur les pontons. Mais ils ne pourront pas traverser le site : « on a pris le parti de les emmener sur une promenade », ont affirmé les architectes.


Bernard Touchagues, un opposant bien isolé au conseil municipal

Les conseillers municipaux ont presque tous approuvé le projet depuis le début, y compris l’ancien maire Jean-Luc Miraux (liste Vernon Tous Ensemble). Seul un autre conseiller municipal d’opposition, Bernard Touchagues (liste L’Union pour Vernon), s’est opposé franchement à la vision présentée par les architectes en décembre4.

Selon lui, le rappel imposé de l’existence historique de la piscine sur le site a poussé à retenir « des infrastructures pas spécialement belles et très contraignantes ».

Il a estimé que cet « espace de verre et de béton » n’était « pas l’aménagement dont Vernon avait besoin »5. Il a également rappelé que les fontaines entraînaient « un entretien et une gestion coûteux », alors même que « la gestion des aménagements avec de l’eau à Vernon pose des problèmes »6.

Quant au coût de ce projet, Bernard Touchagues déclarait il y a un an que ce réaménagement était « un luxe qu’on ne peut pas se permettre », et qu’il « fallait faire moins cher ». Nul doute qu’il saura rappeler ces propos à la majorité…

  1. Auxquels il faut ajouter des frais fixes de 42 500 euros.
  2. On pourra noter que la mairie aurait pu lancer, en lieu et place d’une étude, un appel à concours architectural. Cela aurait peut-être permis d’obtenir plus de propositions, et, pourquoi pas, de permettre aux habitants d’influer sur le choix final.
  3. C’est pourtant une pratique habituelle dans les opérations d’urbanisme des collectivités locales, afin d’éviter tout conflit d’intérêt. Ne pas inclure ces clauses dans les appels d’offre n’a cependant rien d’illégal.
  4. Jean-Luc Miraux était membre de l’UMP lorsqu’il était maire, il est maintenant candidat indépendant aux municipales de 2014. Bernard Touchagues, qui était le candidat du Front National depuis 1995 à Vernon, conduit lui aussi une liste indépendante.
  5. Philippe Nguyen Thanh lui a répondu à ce sujet que sa majorité avait eu « envie de conserver ce patrimoine qui a, de l’avis d’un certain nombre d’esthètes, quelques qualités, en particulier ce côté béton brossé ».
  6. Il n’a pas complètement tort : les fontaines de la place de Paris, de Vernonnet et de la mairie, pour n’en citer que trois, sont soit défectueuses, soit fonctionnelles quelques semaines par an.