Vernon Politique

Municipales 2014 : Erik Ackermann candidat du FN à Vernon

EdNonrev

Du côté de la droite vernonnaise, certains en doutaient il y a encore quelques mois. La semaine dernière, le Front National a présenté à la presse et à une dizaine de militants son candidat.

Ce sera Érik Ackermann, un ingénieur de 42 ans, Vernonnais depuis quelques années, marié, 5 enfants. Il a déjà été candidat pour le FN comme suppléant de Lydie Braconnier à Pacy-sur-Eure, aux élections cantonales de 2011. En 2014, il compte bien être au second tour.

Sommaire :

  1. Érik Ackermann : “Jeunesse, détermination, courage et dynamisme”
  2. Dix “orientations de travail” dévoilées
  3. Vernon “ville cible” du FN dans l’Eure
  4. Le FN “tend la main à tout le monde”

Érik Ackermann : “Jeunesse, détermination, courage et dynamisme”

Lors de la conférence de presse, le candidat entouré par Emmanuel Camoin, candidat à Evreux (à gauche), et par Nicolas Bay, secrétaire général adjoint du FN et président du groupe FN au conseil régional (à droite).

Le candidat du FN parle de “décomposition avancée” de la majorité municipale de gauche. Selon lui, “tous les clignotants sont au rouge” à Vernon, et la majorité en place depuis 2008 se serait “contentée de gérer le déclin et d’entretenir la misère”.

Nicolas Bay, qui préside le groupe FN au conseil régional, explique pourquoi son parti a choisi Vernon, et son “contexte favorable”, pour lancer la campagne électorale dans l’Eure :

À Vernon, il y a une fiscalité très forte, une insécurité en hausse. On n’a pas fait les investissements stratégiques pour garder les emplois à Vernon. […] Il y a une double division, à gauche et à l’UMP.

Quant à Érik Ackermann, il se fonde également sur le score réalisé à Vernon par le candidat du Front National au second tour des dernières élections législatives pour se montrer “ambitieux”, voire optimiste1 :

Dans cette ville, il y a un réel espoir de voir les patriotes arriver au pouvoir. Dans ce contexte, on va très clairement s’inviter à table. […] Un score en dessous de 20 % serait un échec, et au-dessus de 25 % serait un succès. J’entends faire de Vernon un nouveau territoire du FN [NdA : référence à ce récent article du Parisien].

Le candidat a affirmé que le FN était là “dans une perspective d’implantation locale durable” à Vernon. Il s’est décrit comme “le candidat des oubliés, des sans-grades, du peuple et des patriotes”.


Dix “orientations de travail” dévoilées

Érik Ackermann a décrit en longueur, jeudi dernier, ce qui sera “le socle” de son futur programme, dévoilé peu avant l’élection. Il est pour le moment le seul candidat à Vernon a avoir exprimé des priorités pour ces municipales.

Le candidat assure également, à propos du financement de son futur programme, qu’il produira “des chiffres vérifiables”. Et rappelle au passage son intention de “rembourser la dette qui progresse tous les ans” à Vernon2.

Le détail des dix priorités du FN de Vernon est consultable sur le site internet de la liste Vernon Bleu Marine. Trois grands thèmes semblent se détacher :

  1. La sécurité : pour le candidat, le classement de Vernon en zone de sécurité prioritaire il y a quelques mois est “un aveu d’impuissance” pour le maire de Vernon. Il émet des propositions similaires à celles de l’UMP, comme l’armement des policiers municipaux ou l’ajout de caméras de vidéosurveillance.
  2. L’emploi, que le candidat veut maintenir et développer. Pour cela, il souhaite que Vernon reprenne partiellement ou totalement cette responsabilité à la communauté d’agglomération.
  3. La CAPE, qui “représente très mal la ville de Vernon”. Il veut redonner un certain nombre de compétences de la communauté d’agglomération à la mairie, pour “retrouver souveraineté et autonomie”. Et améliorer la représentativité de Vernon parmi les délégués du conseil communautaire3.

Vernon “ville cible” du FN dans l’Eure

Emmanuel Camoin, candidat Front National à la mairie d’Évreux, décrit le dispositif local de son parti pour ces élections, adapté d’un cadre plus national :

On a déjà lancé un certain nombre d’actions militantes, avec des tracts spécifiques, un site internet, une présence régulière sur les marchés de la ville. On va mettre en avant les actions du Front National tant sur un point de vue local qu’avec toute la propagande que nous éditons au point de vue national, avec la création de tracts et la possibilité de faire des mailings.

Dans les semaines à venir, le FN va distribuer des questionnaires pour “connaître les aspirations profondes”, et “échafauder un programme municipal au plus près des volontés” des Vernonnais. Le travail de terrain sera renforcé à partir de septembre.

Érik Ackermann n’hésite pas à parler de “dynamique déjà lancée” pour sa candidature. Et répond avec un large sourire, lorsqu’on lui demande si il n’a pas un déficit de notoriété auprès des habitants : “Ils apprendront à me connaître”4.

Le candidat vernonnais peut se permettre de sourire. Il pensait que trouver suffisamment de colistiers serait “plus difficile”, et dit aujourd’hui se permettre “le luxe de pouvoir choisir”5. Pour Nicolas Bay, c’est parce que “l’image du FN a considérablement évolué dans un laps de temps assez court”6.


Le FN “tend la main à tout le monde”

Nicolas Bay entend récolter des votes “au-delà des électeurs du Front National”, en particulier “des électeurs déçus par l’UMP et par la gauche”. Et il n’est “pas fermé à des accords de coopération avant le premier tour ou entre deux tours”. Cela reste à la condition que ce soit avec un candidat qui “partage l’essentiel de notre projet politique”.

Le secrétaire général adjoint refuse toute comparaison avec la liste de Bernard Touchagues, conseiller municipal d’opposition, élu depuis 1995 sous l’étiquette du FN à Vernon, et aujourd’hui candidat indépendant (liste L’Union pour Vernon). Il estime que “sa position politique est assez marginale”, et se dit certain que les électeurs du Front National voteront pour le candidat du parti.

Bernard Touchagues, sollicité pour réagir à cette candidature, estime qu’elle était “logique” et “attendue” :

Ayant entendu Marine Le Pen décider, enfin, de s’impliquer dans des élections locales pour enraciner le Front National, il était logique, dans l’Eure, que Vernon soit choisie.

L’autre candidat de la droite de la droite vernonnaise a affirmer ne pas craindre cette candidature, “bien au contraire”, mais “dans la perspective d’une union la plus forte possible”, pour éviter une triangulaire au second tour avec deux candidats à droite :

Je ne vois pas d’autre façon de gagner. J’imagine que la gauche, quoi qu’il arrive, fera une alliance entre les deux tours, il y aura en tout cas un vote en mesure de récupérer l’ensemble des voix de gauche.


Aller plus loin

Article et vidéo sur Caméra Diagonale : Vernon 2014, Erik Ackermann l’homme du FN

Article de Paris Normandie, avec une réaction (légèrement différente) de Bernard Touchagues : Politique : le FN se lance à Vernon

Article du Démocrate Vernonnais : Municipales 2014 : Le Front national monte sa liste à Vernon

Extraits de la conférence de presse sur le site de Vernon Bleu Marine, et sur le site du Front National.

  1. Jean-Michel Dubois, s’il a eu à Vernon 31 % des voix au second tour avec une participation très basse (45 %), s’est contenté d’un plus modeste 14 % au premier tour des législatives 2012. En 2008, Bernard Touchagues, alors candidat du FN, récoltait presque 12 % des suffrages au premier tour des élections municicpales à Vernon.
  2. Une affirmation fausse : la dette a chuté ces dernières années à Vernon jusqu’à environ 32 millions d’euros, avant de remonter en 2014 un peu en-dessous de son niveau de 2008, à environ 36 millions d’euros.
  3. Actuellement, la mairie de Vernon a cinq élus qui sont délégués à la CAPE, sur soixante délégués au total. Une faible représentativité pour une ville qui rassemble la moitié des habitants du territoire de la communauté d’agglomération.
  4. A l’appui de ces déclarations, le candidat, qui se dit “homme de terrain”, distribuait des tracts lors du marché de samedi dernier. L’un des militants présents fera remarquer que si tous les passants ne prenaient pas le tract, il n’y avait “pas de gens agressifs”. Le signe d’une évolution de l’image du FN chez les citoyens ?
  5. Souvent, dans le passé, le Front National a rencontré des problèmes pour constituer des listes électorales aux élections municipales. C’est la raison pour laquelle peu croyaient à la présence du FN à Vernon, en particulier avec la présence d’une liste sans étiquette emmenée par Bernard Touchagues, conseiller municipal d’opposition et candidat FN en 2008.
  6. Le secrétaire général adjoint du FN ajoute, à l’endroit de ses adversaires politiques de gauche comme de droite : “La diabolisation du FN est un exercice totalement vain”.