Vernon Politique

Assemblée Générale d’AVAS : Ce Qu’Aurait Pu Devenir une Partie du LRBA ?

EdNonrev

De gauche à droite : Hiltrud Compin (trésorière), Robert Baur (secrétaire adjoint), Christian Vanpouille (président).

De gauche à droite : Hiltrud Compin (trésorière), Robert Baur (secrétaire adjoint), Christian Vanpouille (président).

 

Le 11 mars dernier se tenait l’assemblée générale de l’association pour la valorisation de l’aventure spatiale européenne. Elle s’est constituée en 2009 avec plusieurs dizaines d’anciens salariés du LRBA, suite à la nouvelle de la fermeture du site par Hervé Morin, alors ministre de la Défense.

 

Son objectif était la constitution d’un pôle de plusieurs musées autour des thèmes de l’informatique et de l’aventure spatiale, dont le LRBA fut un emblème pendant plus de 50 ans. Quatre ans plus tard, son président, Christian Vanpouille, l’ancien directeur de la communication du LRBA, est amer : les musées sont partis s’installer ailleurs, et la soufflerie du LRBA est à l’abandon.

 

 

Tout commence en 2005. A l’occasion des 40 ans de la fusée Diamant, des manifestations sont organisées dans Vernon. Les futurs membres d’AVAS, affirme Christian Vanpouille, partent du constat que des musées privés consacrés à la technologie spatiale existent au LRBA et à la Snecma : “Pourquoi ne pas en faire un qui soit ouvert au public ?”

 

L’idée est présentée à l’ensemble des élus locaux, jusqu’au président de la Région Haute-Normandie, Alain Le Vern (PS). Ils auraient alors tous approuvé cette “bonne idée”. Mais en 2008, une fois le LRBA en cours de fermeture, “plus de nouvelles des élus”.

 

En 2009, les anciens du LRBA se constituent en association pour la poursuite de leur objectif : ce sera AVAS. Ils travaillent au projet de musée sur la partie du LRBA dédiée auparavant à la soufflerie et au tunnel de tir. AVAS travaille alors en partenariat avec l’institut français de l’histoire de l’espace (IFHE).

 

La même année, l’association parvient à convaincre le comité régional de tourisme de Paris, en partenariat avec la DGA et le LRBA, de réaliser une “étude de pré-faisabilité de la mise en tourisme du LRBA à Vernon”1. Le résultat tient en plus de 150 pages, qui narrent dans le détail les possibilités du site.

 

La conclusion de l’étude est très positive pour le projet d’AVAS. Le site présente “un enjeu touristique d’actualité”. La fréquentation est estimée à 110 000 visiteurs par an :

Le tourisme scientifique et ludique touche un public toujours plus nombreux. […] équipement touristique qui peut être rentable à long terme et renforcer l’activité économique et touristique du territoire.

 

Entrée des 10 hectares de la soufflerie du LRBA.

Entrée des 10 hectares de la soufflerie du LRBA.

 

Quelques mois plus tard, les membres de l’association entrent en contact avec le musée de l’informatique. Considéré comme une référence dans son domaine, il est alors situé à La Défense, mais le gouvernement français l’a prié de déménager dans d’assez brefs délais.

 

D’après Christian Vanpouille, la direction “trouvait intéressant de s’implanter à côté d’un musée de l’aventure spatiale”. Le musée pouvait s’appuyer sur de riches financeurs, “comme Google ou Microsoft”, pour l’aménagement de nouveaux locaux.

 

En 2010, c’est avec l’école privée d’ingénierie des sciences aérospatiales ELISA que des liens se nouent. Le projet d’AVAS commence à prendre de l’ampleur, cette fois-ci hors du site de la soufflerie, pour se porter également sur la partie la plus vaste du LRBA :

Avec ces trois entités, on commençait à bâtir un projet plus global de campus universitaire, de musées, de colonies de vacances scientifiques et de formation des jeunes. […] Ce projet n’a jamais été pris en compte [NdA : par les élus]2.

 

Le projet sur le site de la soufflerie se voulait exclusivement privé, affirme Christian Vanpouille :

L’objectif était de ne pas dépendre des fonds publics, nous pouvions fonctionner en autonomie. On voulait juste que la mairie de Vernon nous promette la mise à disposition des locaux de la soufflerie, qui étaient vides, dès le tranfert du site. En effet, la première question des sponsors [NdA : d’un musée de l’espace] était : avez-vous le terrain ?

 

Carte des projets portés par AVAS sur le site de la soufflerie du LRBA.

Carte des projets portés par AVAS sur le site de la soufflerie du LRBA.

 

En juillet 2011, un courrier, cosigné par Christian Vanpouille et le directeur du musée de l’informatique, formalise cette demande. Il est envoyé au maire de Vernon, Philippe Nguyen Thanh (PS), au président de la CAPE, Gérard Volpatti (UMP), et à Jean-Louis Destans, président du conseil général de l’Eure (PS) :

Votre accord sur la mise à disposition de ce site sous forme de bail emphytéotique nous permettra de conforter une étude préalable afin de présenter à votre approbation un projet élaboré et son plan de financement.

 

Seul le maire de Vernon répondra, assez rapidement, par la négative :

Afin d’étudier plus profondément votre projet, il est nécessaire d’attendre sa mise en place [NdA : du projet de reconversion du site] et d’étudier votre proposition dans un cadre global.

 

Le musée de l’informatique, mis à la porte de son bâtiment à La Défense, ne peut attendre, sans certitude qu’un accord sera trouvé : il part à Montréal3. ELISA s’installe dans l’Aisne, où l’école conclut un partenariat avec l’université de Picardie. Les nombreuses maquettes du musée privé du LRBA s’en vont, suivant une partie des salariés qui déménagent à Bruz, près de Rennes.

 

Pour Christian Vanpouille, “la réponse de la mairie de Vernon a interrompu tous nos espoirs”. Le maire de Vernon ne les aurait “jamais contactés” depuis ce courrier, malgré l’assurance qu’il donnait de “revenir” vers l’association “en fonction de l’avancement des dossiers”. Le projet meurt en quelques mois, après plusieurs années de travail de ces dizaines d’anciens du LRBA.

 

 

 


 

Christian Vanpouille répond à Hélène Ségura

 

L’adjointe à l’emploi et au développement économique a parlé mercredi dernier au Démocrate Vernonnais à ce sujet. Peu après, Christian Vanpouille lui répondait, à travers un courriel adressé aux membres d’AVAS.

 

Pour Hélène Ségura, les 150 pages de l’étude du comité régional du tourisme étaient “sans éléments chiffrés”. Pour ce qui est du budget de fonctionnement, auto-financé, cette affirmation est fausse, comme l’écrit le président d’AVAS : “L’étude du  CRT Paris chiffre tout, depuis la fréquentation jusqu’aux salaires des différents personnels, les tarifs d’entrée, etc.”

 

En ce qui concerne les investissements (privés) nécessaires, une seconde étude plus poussée pouvait à l’époque être réalisée, avec une promesse de financement à 80 % par le ministère de la Défense. Avant d’engager des fonds non négligeables, AVAS voulait cependant “une garantie sur la mise à disposition du site”.

 

L’adjointe vernonnaise rappelle également que “la zone de la soufflerie fait partie du PPRT“, ce qui “engendrerait un coût et des travaux importants” pour l’ouverture d’un musée. Christian Vanpouille, s’il admet cette “contrainte”, rappelle qu’elle permettrait “700 visiteurs par musée, soit 2100 personnes sur le site”. L’étude du comité régional du tourisme, quant à elle, prévoyait un maximum de “1140 visiteurs aux heures de pointe les dimanches de juin”4.

 

Enfin, Hélène Ségura parle d’un “procès d’intention” qui serait fait par AVAS à la mairie, et indique : “il faut qu’ils reviennent” vers les élus vernonnais. Elle affirme également que “le projet [de musée] n’est pas enterré”, mais aussi que “ce n’est pas les finances publiques qui vont pouvoir supporter le coût”.

 

Christian Vanpouille lui a répondu que la seule demande de son association était que le repreneur du LRBA accepte de s’engager sur une mise à disposition “pour une somme modique” du site de la soufflerie, mais aussi qu’AVAS n’a “jamais sollicité la moindre subvention”. Aujourd’hui, cette partie du LRBA, à l’abandon, semble inexorablement vouée à devenir une friche industrielle de plus dans le paysage vernonnais.

 

 

 


 

AVAS, un an pour réfléchir

 

Aujourd’hui sans objet, l’association n’a pas voulu se dissoudre lors de son assemblée générale. Aujourd’hui réduite à 35 membres après en avoir compté près de 100, son budget est dans le vert. AVAS se donne un an pour réfléchir à de nouveaux projets, ou à une éventuelle transformation en association des anciens du LRBA, pour conserver la mémoire du lieu.

 

Les anciens adhérents sont invités à se réinscrire à l’association, cette dernière ne percevant alors pas de cotisation, compte tenu de sa bonne situation financière. Il leur suffit de remplir un bulletin d’adhésion. AVAS appelle également les anciens du LRBA, membres ou non, à proposer de nouveaux projets pour ce site auxquels ces Vernonnais sont très attachés