Vernon Politique

Municipales 2014 : Bernard Touchagues cherche (toujours) l’union

EdNonrev

Bernard Touchagues sans inquiétude, ni pour sa liste ni pour sa responsabilité dans une éventuelle défaite de la droite.

Bernard Touchagues sans inquiétude, ni pour sa liste ni pour sa responsabilité dans une éventuelle défaite de la droite.

 

Bernard Touchagues, élu sous l’étiquette FN depuis 1995 au conseil municipal de Vernon, et aujourd’hui candidat indépendant aux élections municipales de 2014, avait beaucoup parlé de sa volonté d’union à droite lors du lancement de sa liste (bien) nommée L’Union pour Vernon.

 

Ces dernières semaines, il a joint le geste à la parole, en se rapprochant fortement du Front National et de son candidat Erik Ackermann. Ainsi qu’en envoyant des courriers aux deux autres candidats de la droite, Sébastien Lecornu (UMP), et l’ancien maire UMP et maintenant candidat indépendant Jean-Luc Miraux. Sans succès jusqu’à présent…


 

L’Union pour Vernon, une liste “quasi” bouclée…

 

Aux multiples rumeurs qui veulent que Bernard Touchagues ait beaucoup de difficultés à boucler sa liste, le candidat répond qu’il n’a “aucune crainte”. Il affirme “contrairement aux autres fois” ne pas avoir besoin de solliciter des candidats pour sa liste, avec suffisamment de personnes “qui viennent naturellement”.

 

Il assure que les futurs membres de sa liste ne sont “pas spécialement” d’anciens du FN. Certains auraient été engagés politiquement lors de précédentes élections locales, d’autres viendraient de mouvements associatifs, certains seraient même des “militants d’autres listes”.

 

Son objectif n’a pas changé depuis sa déclaration de candidature : “Plus jamais Philippe Nguyen Thanh”. Un maire socialiste auquel, contrairement à la gauche vernonnaise, il ne reproche pas sa manière de gérer la majorité municipale : “Si Monsieur Nguyen Thanh était un despote éclairé, ça m’irait très bien”.

 

Il estime par contre que le maire n’a “pas d’idées directrices” sur l’avenir de la ville, en particulier au niveau de l’urbanisme, et manque, comme Jean-Luc Miraux, d’une “culture d’entreprise”. Selon lui, alors qu’aujourd’hui, “on voit des villes se doter de marques et faire de la publicité à l’extérieur”, et les recettes d’une municipalité doivent se trouver “vers la dépense consumériste et les dépenses d’investissement des entreprises”.

 

 

 


 

… mais qui prépare son alliance avec le Front National…

 

Bernard Touchagues ne cache pas qu’il a “déjà pris langue” avec le candidat du Front National, et même qu’il est “en très bons termes” avec lui. Ainsi, les deux listes travailleraient ensemble “par personne interposée”. Il note d’ailleurs que c’est “le seul parti qui a autorisé ses militants à conclure des unions”.

 

Il estime qu’une fusion des deux listes “paraît assez bien partie”. Les attitudes d’Erik Ackermann et de Nicolas Bay, le directeur national des campagnes municipales de Haute-Normandie, auraient été “très positives”.

 

Il se murmure cependant que si le FN vernonnais voit plutôt d’un bon oeil le rapprochement, voire la fusion, des deux listes, l’état-major du parti de Marine Le Pen, lui, se montre nettement moins conciliant, les haines personnelles dominant la stratégie politique. Et ce même si Bernard Touchagues, membre du Parti de la France de Carl Lang, affirme que sa liste est sans étiquette1.

 

Ce que confirme un commentaire du secrétaire départemental du FN, Emmanuel Camoin, laissé chez Caméra Diagonale :

Pour l’instant les prises de position du PDF [NdA : Parti de la France] ne peuvent pas conduire à une alliance. Pour le PDF le FN est l’ennemi à abattre. Si un rapprochement doit être fait il ne peut être qu’individuel. Je suis prêt à défendre la réintégration de Bernard Touchagues dans notre mouvement, si il le souhaite. […] Après cette étape nous pourrons discuter de la présence sur la liste d’Erik Ackermann de Bernard Touchagues.

 

 

 


 

… tout en appelant Jean-Luc Miraux et Sébastien Lecornu à faire liste commune

 

Bernard Touchagues, au nom de sa liste et avec “l’accord unanime” de ses vingt-cinq colistiers, a envoyé un courrier aux deux autres candidats déclarés à droite. Il propose une rencontre pour “répondre avec intelligence” à la question de “l’union de tous les opposants au maire sortant”, selon lui “souhaitée par une grande majorité de nos supporters”.

 

Pour le conseiller municipal, si l’union ne se faisait pas entre ces quatre listes, le second tour verrait “immanquablement” la victoire de la gauche et du maire aux élections. En conséquence, il “prendra toutes les tentatives” pour que cette union se fasse.

 

Bernard Touchagues affirme d’ailleurs qu’il est prêt à ne pas être tête de liste si cela permet à sa liste de fusionner avec d’autres : “je n’ai pas l’intention à tout prix de devenir maire de Vernon”. Il estime qu’aujourd’hui, “il y a de quoi confier des responsabilités importantes à des gens qui constitueraient une liste d’union”.

 

S’il se dit conscient du fait que les deux candidats contactés ont exprimé leur volonté de ne pas faire d’alliance avec la droite extrême ou nationale, il affirme que sa démarche a pour but de “permettre à la base de s’exprimer”. Avant de conclure :

Si on doit pleurer au soir de mars 2014, on saura à cause de qui on pleurera.

 

 

 


 

Fin de non-recevoir de l’UMP et de Vernon Tous Ensemble

 

Les réponses négatives ne se sont pas faites attendre bien longtemps. Jean-Luc Miraux, “par respect pour l’homme”, est “sensible” à ce courrier. Mais il affirme que la démarche de Bernard Touchagues s’apparente à “la fédération d’un conglomérat d’états-majors politiques”, et que son rapprochement précoce avec le FN témoigne d’idées qu’il “réprouve personnellement et humainement”. L’ancien maire s’en remet ainsi aux électeurs “pour éviter que la confusion ne favorise la réélection” de Philippe Nguyen Thanh.

 

Bernard Touchagues, dans sa réponse, lui demande de “reconsidérer” sa position. Il affirme que son courrier n’est pas “une négociation ou renégociation discrète avec des instances” mais “une discussion ouverte entre Vernonnais”2. Quant au FN, il affirme que ce sont les militants qui auraient réagi précocement, ce dont il les “félicite”.

 

François Ouzilleau, de son côté, a adressé un communiqué de presse rageur à la presse. Selon lui, Bernard Touchagues est “coresponsable du lent déclin qui frappe notre ville depuis plus de 10 ans”. Il ajoute que “cette main tendue apparaît comme un leurre, un coup politico-médiatique”. Et l’invite, “s’il veut faire battre la gauche (pour une fois)” à prendre “ses responsabilités le soir du premier tour”.

 

Bernard Touchagues y a également répondu. Il rappelle que son appel à l’union serait “officiel” depuis octobre 2012. Et qu’il “siège dans l’opposition” depuis dix-huit ans, ce qui lui donne “peu de prise sur les décisions”. Il s’étonne du fait que François Ouzilleau ait vu son “esprit critique” à l’égard de Jean-Luc Miraux ne devenir “éveillé qu’au lendemain de votre défaite commune”3. Selon lui, l’UMP aurait “tort de sans cesse remuer le passé”.