Vernon Politique

Bruno Le Maire à Vernon pour soutenir Franck Gilard

EdNonrev

De gauche à droite : Bruno Le Maire, Franck Gilard et Sébastien Lecornu.

La semaine dernière, ce sont presque 150 militants et sympathisants qui étaient présents à Vernon pour la réunion de campagne organisée par l’UMP pour soutenir Franck Gilard et son suppléant vernonnais Sébastien Lecornu, dans le cadre des élections législatives dans la cinquième circonscription de l’Eure.

Même si l’actuel député est quasiment certain d’être réélu au second tour face à Jean-Michel Dubois (FN), il s’est dit beaucoup de choses ce vendredi d’avant le premier tour : Franck Gilard a beaucoup parlé de lui et de son statut de « député de base », tandis que l’ancien ministre de l’agriculture Bruno Le Maire s’est chargé de peindre une situation dramatique et de parler de ses divergences avec le Front National.

Sebastien Lecornu, le suppléant de Franck Gilard et probable futur candidat de l’UMP à Vernon pour les élections municipales de 2014, a tenu au début de cette réunion un discours de motivation des militants présents, sans surprise particulière1.

Franck Gilard a ensuite pris la parole, assez brièvement, pour parler au public de sa candidature et de son caractère :

Je suis parfois un peu bouillonnant, un peu excessif. Ce positionnement n’est pas une posture, je veux être le témoin et le porte-parole d’un territoire un peu hétérogène.
[…]
Cette campagne est une campagne dédiée à l’amitié. J’ai d’ailleurs eu une centaine de maires qui me soutiennent, sur les cent-trente de la circonscription.
[…]
Sur le plan personnel, vous me connaissez, j’ai toujours été proche des gens.

Il a également vanté les qualités de son suppléant, justifiant du même coup le choix de Sébastien Lecornu à la place de Brigitte Lidôme, son ancienne suppléante. C’est « pour le renouvellement » qu’il a préféré prendre son ancien assistant parlementaire, faisant ainsi « le choix de la jeunesse ». Un choix justifié selon le député-candidat par la qualité des jeunes de l’UMP euroise.

Selon Franck Gilard, seule sa présence à l’Assemblée Nationale peut garantir l’indépendance et l’expansion économique de la cinquième circonscription. En effet, selon le candidat, les autres territoires normands n’auraient aucune considération pour l’Eure et la circonscription : « Notre département est mal situé géographiquement, les Rouennais et les gens du pays de Caux ne nous feront pas de cadeaux ».

Enfin, l’actuel et futur député s’est livré à une fort belle pirouette langagière en parlant des autres « gros » candidats. Dans le même souffle, il a ainsi affirmé que ceux-ci « font essentiellement de la politique et sont avides de pouvoir », avant de se vanter de faire « une campagne en mode rural » car il « ne parle pas » de ses adversaires politiques. Raté pour ce soir-là…

Un public nombreux était venu écouter les trois responsables de l’UMP.

Quand Bruno Le Maire a pris (longuement) la parole, c’est d’abord pour reprendre les thèmes de campagne de Nicolas Sarkozy lors des élections présidentielles de 2007 et 2012. L’ancien ministre a donc essentiellement parlé de ce qu’il voit comme les dangers de la gauche au pouvoir. En ligne de mire : les impôts, mais surtout les « voyous » de tous ordres avec qui la gauche ferait preuve d’une coupable indulgence.

L’ancien ministre a donné de nombreux exemples de ce supposé laxisme socialiste envers la délinquance. Des exemples émaillés d’un certain nombre de sous-entendus « politiquement incorrects », bien plus en tout cas que ce qu’on avait pu entendre deux jours plus tôt de la part du candidat du Front National à Gasny2. Le fond du propos a été résumé par l’ancien ministre lui-même : « La République n’est pas le laxisme, le laisser-aller, le relativisme complet des valeurs. »

À la question d’un militant à propos d’éventuels accords électoraux à venir entre l’UMP et le FN, Bruno Le Maire a répondu : « les idées et les valeurs du FN ne correspondent pas à ce que nous défendons ». En particulier, il a jugé les propositions du FN en ce qui concerne l’Europe « inquiétantes »3. C’est la seule différence de fond entre les deux partis qui fut citée ce soir-là par l’ancien ministre.

Dernier grand sujet du discours, les impôts : l’ancien ministre a notamment affirmé que « les responsables politiques n’ont pas eu le courage de baisser les charges de manière drastique »4.

Surtout, Bruno Le Maire a parlé de ce que ferait le PS en cas de victoire : selon lui, la gauche « augmente les dépenses publiques » en allant « piocher dans la poche des classes moyennes ». Un propos appuyé par une longue liste d’impôts en tous genre par lesquels les Français seraient « écrasés ». Parmi les taxes et impôts cités ce soir-là par Bruno Le Maire figurait l’impôt de solidarité sur la fortune, dont on peut se demander ce qu’il avait à voir avec les « classes moyennes »5.

Le public, d’une moyenne d’âge assez élevée, a chaleureusement applaudi la plupart des propos de Bruno Le Maire, en particulier lorsque ceux-ci portaient sur les impôts ou les « voyous ». Le tout dans une certaine bonne humeur, tant il paraissait improbable alors aux présents qu’un candidat de gauche soit au second tour de l’élection dans la cinquième circonscription.

  1. En retard, je suis arrivé à la fin de ce discours : j’en ai donc demandé la teneur à José Alcala, qui m’a grâcieusement mis au courant. Voici son article : 5ème circonscription, Gilard-Lecornu, dernier coup de reins avant l’extase
  2. Ainsi, là où Jean-Michel Dubois avait surtout parlé d’emploi, de désertification des campagnes et de croissance économique retrouvée, Bruno Le Maire s’en est tenu pour une large partie de son discours à des thèmes très sécuritaires.
  3. Il est vrai que là ou le FN affirme vouloir sortir de l’Europe dans l’hypothèse où celle-ci n’accepterait pas les décisions nationales, l’UMP (comme le PS ou le Modem) affirme dans son programme tenir à la politique européenne d’intégration actuelle.
  4. Sans pour autant faire le saut logique qui consisterait à dire « nous » à la place des « responsables politiques », compte tenu du fait que c’est bien l’UMP qui avait la possiblité de le mettre en place de 2007 à 2012.
  5. Étant entendu qu’il faut posséder un patrimoine d’au moins 750 000 euros pour être éligible à l’ISF en France.