Vernon Politique

Cinquième circonscription de l’Eure, veille de premier tour

EdNonrev

Hier soir se tenaient plusieurs réunions publique à Vernon, les dernières avant ce premier tour. L’UMP organisait, avec Franck Gilard et Bruno Le Maire, une réunion militante à l’Espace Philippe Auguste, tandis que le PS de l’Eure et EELV, avec leur candidat Jérôme Bourlet, tenaient au même moment un concert-meeting derrière la Collégiale, à leur QG de campagne. Chacun a réuni entre 100 et 150 militants et sympathisants à cette occasion.

Je reparlerai plus en détails entre les deux tours de la réunion de l’UMP. Cependant, régnait hier soir une certaine atmosphère de fin de campagne parmi les responsables de ces deux partis. La cordialité était notamment au rendez-vous, là où il y a encore quelques jours, c’est la plus franche détestation mutuelle qui était affichée par chacun. L’occasion de revenir sur ces six semaines de campagne, semaines fort agitées dans la cinquième circonscription de l’Eure.

À l’UMP, tout le monde pense déjà au second tour. Bruno Le Maire a ainsi longuement parlé du Front National, pour vilipender des attitudes « irréalistes » concernant l’Europe, mais aussi pour reprendre certains des grands thèmes de ce parti. Un discours très similaire à celui tenu par Nicolas Sarkozy en 2007, en somme. Ceci devant des militants visiblement enthousiastes, tant face au discours lui-même que face à la perspective d’un duel au second tour avec le Front National.

Du côté du PS et d’EELV, l’atmosphère est nettement moins joyeuse. Les mathématiques sont implacables pour les six candidats de la gauche, et leurs chances d’accéder au second tour apparaissent minimes en cette fin de campagne. Si le candidat soutenu par le parti, Jérôme Bourlet, reste convaincu de sa présence au second tour, son équipe de campagne l’est beaucoup moins. Un signe qui ne trompe pas : aucun matériel de campagne n’est prévu pour le second tour, les militants soutenant le candidat ayant d’ailleurs collé vendredi leurs dernières affiches.

Cependant, une note d’espoir traverse la campagne de Jérôme Bourlet. Il se murmure que l’ancien maire de Vernon, Jean-Luc Miraux, et son association Vernon Réussite, font une discrète campagne en faveur du candidat EELV-PS. Pourquoi lui ? Parce que Jean-Luc Miraux n’apprécierait ni Franck Gilard, ni Jean-Luc Lecomte, et certainement pas Hélène Ségura. Ne resterait donc que Jérôme Bourlet.

L’intéressé dément fermement ces intentions, même s’il reconnaît laisser toute latitude aux membres de Vernon Réussite, dont certains sont publiquement opposés à l’UMP :

Vernon Réussite a décidé de se placer en dehors de ces scrutins nationaux, et je n’ai aucun lien avec les équipes des candidats. Nous avons eu un conseil d’administration il y a quinze jours, nous avons bien précisé que chacun votait comme il l’entendait. Il n’y a en fait qu’une candidate pour laquelle aucun des membres ne votera, c’est Hélène Ségura1.

Une des grandes inconnues de ce premier tour est le score que fera Anne Mansouret, qui communique sur sa qualité de candidate opposée au « système PS », en relation avec les retentissements régionaux de l’affaire DSK. Celle-ci a mené une campagne de proximité, en particulier dans les secteurs où les électeurs votent massivement à gauche dans la circonscription. Ainsi, à Vernon, elle a consacré beaucoup de temps aux habitants des Valmeux et des Boutardes, y organisant une réunion publique2.

Enfin, chacun a discuté des campagnes menées ces six dernières semaine par les uns et les autres. Ont été louées par tous les campagnes de terrain de longue haleine de Jérôme Bourlet et de Jean-Luc Lecomte. Anne Mansouret a fait l’unanimité pour ses talents en matière de communication, avec des axes de campagne assez différents de ceux des autres candidats de gauche. En ce qui concerne le candidat Franck Gilard, sa discrétion a été regrettée, même si tout le monde reconnaît que son intérêt politique était d’agir ainsi. Par contre, les militants de l’UMP ont été extrêmement actifs, en particulier en ce qui concerne l’affichage, omniprésent lors de cette campagne.

Au rang des campagnes sinon moquées, du moins déconsidérées, on compte deux « gros » candidats : Hélène Ségura, dont les agissements ont été durement qualifiés d’ « amateurisme ». Ainsi que Jean-Louis Dubois, qui a mené une campagne traditionnelle pour le Front National, donc une campagne discrète mais dont personne ne doute qu’elle suffira pour offrir un score confortable au candidat. L’indulgence était de mise pour les autres partis, dont les moyens sont sans commune mesure avec les candidats cités jusqu’ici.

Il faudrait cependant bien se garder de faire des prévisions basées sur la qualité des campagnes menées par les uns et les autres. À gauche en particulier, nul ne sait ce que décideront les électeurs dans l’isoloir. Une seule certitude : la présence d’un candidat de gauche au second tour semble désormais improbable à beaucoup de militants rencontrés ces derniers jours. Demain nous apportera la réponse, et peut-être une amère désillusion pour des partis de gauche qui avaient pourtant remporté nombre d’élections locales ces dernières années dans la circonscription.

  1. Hélène Ségura est la seule élue de la majorité socialiste à Vernon qui est candidate à ces élections législatives. Jean-Luc Lecomte est aussi candidat et dans la majorité municipale, mais il est membre du Front de Gauche.
  2. Une réunion d’ailleurs sciemment dissimulée aux médias locaux, du Démocrate à Caméra Diagonale. On ne saura donc pas ce qui s’y est dit.