Vernon Politique

La ZAC Fieschi relancée sur fonds publics

EdNonrev

Le projet d’aménagement de la ZAC Fieschi a été relancé lors du conseil communautaire du premier octobre dernier, et voté à l’unanimité des délégués présents. Gérard Volpatti, le président de la CAPE, a présenté le phasage de la future opération, qui devrait se dérouler de 2014 à 2021.

Le projet, sensiblement identique à celui qui avait été cassé par le tribunal administratif en 2009, comptera 10 % de logements supplémentaires, pour un total de 600, ce qui devrait amener Vernon à voir sa population augmenter d’environ 2000 habitants. La plus grosse différence porte sur le financement de l’opération : d’un aménageur privé, on est passé à un aménageur public.

La Zone d’Aménagement Concertée de l’ancienne caserne Fieschi, ce sont 12 hectares de terrains qui devraient devenir un quartier mixte : 33 maisons de ville, 444 logements collectifs (dont 110 rénovés), 120 logements sociaux (20 % du total), 3500 m² pour des bureaux, 8500 m² pour un hôtel et un établissement pour personnes âgées ou de santé, deux établissements publics (l’un payé par la CAPE, l’autre par Vernon, à vocation scolaire), et 1000 m² pour des commerces de proximité le long de l’avenue de Rouen.

En ce qui concerne l’intégration du très haut débit par fibre optique au futur quartier, la CAPE n’a engagé aucune démarche, laissant volontairement toute initiative en ce sens au Département, qui possède les compétences administratives en la matière (à travers son organisme Net27). Malgré de nombreux appels, je n’ai pu obtenir de réponse de la part du Conseil Général. Le seul homme politique vernonnais à avoir évoqué le sujet est le candidat de l’UMP aux municipales de 2014, Sébastien Lecornu. Il déclarait ainsi au début du mois :

Il serait impensable que que le quartier Fieschi ne soit pas connecté numériquement [en très haut débit]. Sans numérique, on ne fera pas de Fieschi un grand quartier. Il faut voir loin, le retour sur investissement se mesurera sur le long-terme.

Le projet de ZAC, auparavant porté par la société Atamraxia, qui représentait deux groupes immobiliers privés, est revenu cette fois-ci dans l’escarcelle du secteur public. En effet, le seul candidat au nouvel appel d’offre de la CAPE fut le groupement de deux sociétés d’économies mixtes : Rouen Seine Aménagement et Eure Aménagement Développement. Elles sont détenues en majorité par le Département et la CREA (communauté d’agglomération de Rouen), ainsi que par d’autres collectivités.

Il est prévu que la CAPE dépense au total 3,9 millions d’euros : la communauté d’agglomération a entretenu et surveillé les terrains, détruit un certain nombre de bâtiments, devra en réhabiliter d’autres, a payé des frais de rachat à l’EPFN, et a dû débourser 975 000 euros pour le rachat à Atamraxia des études d’aménagement.

Le nouvel aménageur public rachètera la ZAC 3,2 millions d’euros, ce qui, avec les quelques subventions déjà encaissées, ramènera le déficit à 500 000 euros. Le Conseil Général a accepté de prendre la moitié de ce déficit à sa charge. La CAPE ne devrait donc perdre que 250 000 euros dans l’opération, sans compter une clause qui prévoit le reversement de la moitié des éventuels bénéfices faits par RSA-EAD.

La communauté d’agglomération est ainsi déchargée du fardeau financier d’une telle opération d’aménagement, qui repose dorénavant sur les épaules du Conseil Général et de la CREA, par l’intermédiaire de leurs sociétés d’économie mixte.

Par ailleurs, la CAPE a calculé que suite à la réforme de la taxe professionnelle, elle devrait toucher environ 100 000 euros par an de recettes fiscales sur le territoire de la ZAC Fieschi. Reste à commercialiser ces 600 logements, sans compter les surfaces commerciales et de bureaux, pour que ces recettes se concrétisent…

Une inconnue : comment sera utilisée la réserve foncière de trois hectares le long de la voie ferrée, prévue à l’origine pour accueillir une future gare, alors qu’en avril dernier, Alain Le Vern a confirmé en personne que la Région avait renoncé à ce projet ?


Entendu au conseil communautaire

Jean-Luc Piednoir, premier adjoint à la mairie de Vernon et vice-président de la CAPE, chargé de l’Équilibre social de l’Habitat :

J’ai deux satisfactions, les rentrées fiscales supplémentaires et les logements sociaux. Le projet communal sera une école, car avec deux mille nouveaux habitants, le besoin d’un groupe scolaire supplémentaire est quasiment indispensable. À l’origine, ce groupe était plutôt prévu près de la route de Rouen, aujourd’hui il est dans la phase trois des travaux, vers 2020 donc.

Gérard Volpatti, président de la CAPE et maire de Saint-Marcel, à la question de ce qu’il se passera d’ici à 2014 et le lancement de la première tranche :

Il se passera des choses mais rien de visible. Nous aurons l’enquête publique de la loi sur l’eau, les premiers permis de construire seront déposés et instruits, nous allons consulter les promoteurs et préparer les voiries. Nous n’avons pas de temps à perdre, ça peut paraître toujours très long, mais nous avons des délais qui sont malheureusement incompressibles.


Aller plus loin :

“Vivre mobile aux portes de la Normandie”, mémoire de fin d’études de Ségolène Falc’hon, étudiante en architecture à l’INSA de Strasbourg. Celui-ci, rendu en juin 2011, étudie en profondeur la situation urbanistique de la ZAC Fieschi dans son environnement vernonnais.

Sur Caméra Diagonale, trois articles : présentation du projet et vidéo du conseil communautaire, interview de Jean-Luc Miraux sur cette opération, et la réponse de Gérard Volpatti.

Dans Le Démocrate Vernonnais : le vote du projet de ZAC, et la réponse de Gérard Volpatti à Jean-Luc Miraux.