Vernon Politique

Caserne Fieschi : une clinique psychiatrique pour 2015

EdNonrev

L’établissement hospitalier qui verra le jour sur le site de la caserne Fieschi, dans le cadre du projet de réaménagement, sera une clinique psychiatrique pour adultes. C’est ce qui a été dévoilé hier par Philippe Cléry-Melin, psychiatre et déjà propriétaire de sept cliniques à travers le groupe Sinoué, qu’il dirige.

Au total, ce sont 80 lits dédiés à des moyens séjours et un hôpital de jour qui ouvriront, et ce dès 2015. L’investissement est d’environ 15 millions d’euros, et devrait créer de 80 à 100 emplois dans les secteurs médical et paramédical. Ce dont se sont réjouis sans réserve Philippe Nguyen Thanh et Gérard Volpatti, présents à la conférence de presse.

Ce projet, complètement privé, veut compléter les très faibles capacités du service de psychiatrie adulte de l’hôpital de Vernon, qui n’a que douze lits pour couvrir un territoire médical de 145 000 personnes. Le maire de Vernon (et médecin généraliste) a parlé hier d’une “vraie pénurie au niveau psychiatrique”, le docteur Cléry-Melin de “l’aspect désertifié de l’Eure en matière de psychiatrie”1.

Ce dernier a expliqué que le projet est né suite à ce constat que sur le secteur de Vernon-Gisors, seuls les patients en urgence peuvent être pris en charge. Mais aussi grâce à l’établissement de liens avec les praticiens eurois, à Vernon et à l’hôpital psychiatrique de Navarre2. L’agence régionale de santé (ARS) a donc décidé d’accorder une autorisation d’ouverture.

L’objectif de Philippe Cléry-Melin et de son groupe est d’apporter à Vernon un “complément de soin” pour permettre une prise en charge complète des patients. Sa clinique n’aura ainsi “pas vocation à recevoir les patients en urgence” (sauf en cas de débordement à l’hôpital) ou en hospitalisation sous contrainte. La future clinique veut se placer dans le cadre d’une “contribution” et non d’une “concurrence” à l’hôpital public, afin de “compléter sans mettre en difficulté” le secteur de santé local3.

Ce sont donc 60 lits de réhabilitation sociale et 20 lits de psychiatrie du sujet âgé qui seront ouverts dans le cadre de courts et moyens séjours, pour tous types de pathologies mentales. Il y aura également 20 places en hôpital de jour, et un pôle de consultation. Le tout pour une surface d’un peu moins de cinq mille mètre carrés4.

Le docteur Cléry-Melin s’est montré nettement plus flou en ce qui concerne les tarifs des prises en charge dans sa future clinique. L’établissement sera conventionné avec l’Assurance Maladie, et il affirme qu’il sera “conçu pour faciliter l’accessibilité de patients dont on sait qu’ils n’ont pas forcément les moyens financiers qu’on pourrait imaginer”.

Chez les deux élus présents à la conférence de presse, l’heure n’était pas aux critiques. Gérard Volpatti espère que ce projet sera “le déclencheur” du lancement et du succès de la reconversion de l’ancienne caserne du régiment du Train. De son côté, le maire de Vernon s’est dit content “en tant que médecin” et “en tant que maire”.

Les deux ont montré une satisfaction toute particulière pour les emplois qui sont promis par Philippe Cléry-Melin. Chacun pourra s’étonner ou non de voir un maire socialiste, et, comme il l’a rappelé, président du conseil de surveillance de l’hôpital, chanter les vertus de la “complémentarité” entre hôpital public et clinique privée.


La réhabilitation sociale : qu’est-ce que c’est ?

La réhabilitation sociale (ou psycho-sociale) est une méthode employée dans les autres cliniques du groupe. Elle vise avant tout à la réintégration dans la société des patients. Elle s’accompagne de processus d’éducation thérapeutique et de réinsertion par le travail, dans le cadre d’une prise en charge avec la famille, et où le patient est régulièrement évalué.

Cette méthode, peu connue en France et assez répandue dans les pays du Nord de l’Europe, laisse une large place aux thérapies cognitivo-comportementales (ou TCC), en particulier avec les patients âgés. Le docteur Cléry-Melin estime cependant qu’ “il serait dommageable de privilégier une approche parmi les autres”. Ainsi, il n’exclue pas l’utilisation de la psychanalyse, ou des thérapies systémiques (qui incluent l’ensemble de la famille).

Peu d’informations sur le sujet sont disponibles en français : on pourra lire les explications d’un psychiatre marseillais qui pratique la réhabilitation psycho-sociale, ou écouter le docteur Cléry-Melin lui-même expliquer ses méthodes, lors d’une conférence au Relais lumière espérance.


Le groupe Sinoué

Le docteur Cléry-Melin présente son goupe comme “familial” et de “petite envergure”. Il affirme que les différentes cliniques déjà ouvertes sont “des établissements de référence”, qui ont su “développer des initiatives innovantes”5.

Son groupe chercherait aujourd’hui à “apporter des réponses dans des secteurs marqués par un certain niveau de pénurie”, ce qui expliquerait cet investissement à Vernon. Les cliniques de Philippe Cléry-Melin ont, selon lui, “eu des initiatives dans le dépistage précoce des maladies psychiatriques et la prise en charge des sujets âgés”.

  1. Par ailleurs, à propos du pôle de psychiatrie à l’hôpital Saint-Louis : en sus d’un nombre de lits très faible, il est assez mal noté par la Haute Autorité de Santé, alors que le reste de l’hôpital de Vernon a vu ses évaluations s’améliorer nettement ces deux dernières années.
  2. L’hôpital psychiatrique de Navarre, situé à Évreux, est actuellement en train de reprendre l’ensemble des activités psychiatriques, adulte et enfant, du centre hospitalier Évreux-Vernon.
  3. Par ailleurs, le maire de Vernon a affirmé que l’ouverture de la clinique se traduirait par “des praticiens qui vont venir à Vernon, et qui ne seront pas piqués à l’hôpital”.
  4. L’investissement total, pour les terrains et le bâtiment, sera d’environ 15 millions d’euros, sans subventions de l’État ou des collectivités territoriales. Le bâtiment devra voir le jour en 2015, avant que n’expire son autorisation de l’ARS. Par conséquent, son emplacement au sein de la caserne Fieschi sera modifié. Il se situera désormais dans la première tranche des travaux, le long de l’avenue de Rouen.
  5. La première clinique du groupe du docteur Cléry-Melin est la très huppée clinique psychiatrique du château de Garches.