Vernon Politique

Municipales 2014 : Jean-Pierre Laurin candidat indépendant à Saint-Marcel

EdNonrev

2013-02 - Jean-Pierre Laurin

Il est conseiller municipal depuis 2008, élu à l’époque sous l’étiquette de l’actuelle majorité. Jean-Pierre Laurin annonce aujourd’hui sa candidature indépendante à la mairie, avec la liste Saint – Marcel – Avenir. Il se montre plutôt discret sur le contenu exact de son programme pour la ville. Mais ne cache pas sa volonté de constituer, aux élections municipales de 2014, un opposant sérieux à l’actuel maire Gérard Volpatti.

Jean-Pierre Laurin est enseignant, à la retraite depuis 2011. Arrivé en 1999 à Saint-Marcel, il a créé en 2005 l’association Agir pour vivre, consacrée à la ville. En 2008, contacté par Gérard Volpatti, il se présente sur sa liste.

Nommé adjoint aux associations et au cadre de vie, il le restera jusqu’à sa démission en 2009. À ce poste, il estime que ses réalisations y furent la rencontre de tous les dirigeants associatifs de Saint-Marcel, et le remodelage du document des subventions aux associations. Ainsi que la tentative d’organiser des manifestations communes à plusieurs associations, projet qui n’a pas abouti suite à sa démission.

L’ayant observée de l’intérieur durant son année en tant qu’adjoint, il critique sévèrement l’action de l’équipe municipale de Gérard Volpatti :

Il y a un manque d’informations, avec une équipe municipale très peu présente sur le terrain et près des habitants. Un village tranquille, vieillissant et fleuri, c’est un peu l’image qu’on veut donner de Saint-Marcel.

Jean-Pierre Laurin estime qu’aujourd’hui, il n’y a “pas de réelle opposition” au conseil municipal de Saint-Marcel. Selon lui, il serait “difficile de jouer un rôle d’opposants” pour les conseillers municipaux concernés, car ils sont “dirigeants d’associations subventionnées par la mairie”1. Il fait d’ailleurs remarquer que l’opposition n’a jamais demandé à pouvoir s’exprimer dans le bulletin municipal de Saint-Marcel2

Le candidat sans étiquette se montre ambitieux pour 2014, en liant les problématiques d’emploi et de logement :

Il y a un potentiel économique sur Saint-Marcel. Il faut essayer de créer des entreprises, et développer en même temps l’habitat. Celui qui vient travailler doit pouvoir aussi se loger.

Si Jean-Pierre Laurin ne révèle rien de précis en ce qui concerne ses projets de développement économique, il met en avant “la concertation avec les habitants” et le travail “en équipe”. C’est nettement plus clair pour l’habitat : “ne pas défigurer Saint-Marcel”, donc favoriser les pavillons et les petits logements collectifs, et rétablir la limite de hauteur des bâtiments dans le plan local d’urbanisme.

Un autre point du futur programme de sa liste concerne les animations en direction de la jeunesse : “Que font les jeunes le week-end ?”. Jean-Pierre Laurin reprendrait ainsi ses projets d’évènements et de manifestations inter-associatifs là où il les avait laissés en quittant son poste d’adjoint3 :

Il faut avoir une politique qui permette aux gens de se rencontrer plus souvent, et aux jeunes de pouvoir participer à des évènements dignes d’une municipalité comme Saint-Marcel. Il y a des projets à mettre en place, des projets intergénérationnels.

En dehors de sa gouvernance de la majorité à Saint-Marcel, Gérard Volpatti se voit reprocher par son opposant sa politique en tant que président de la CAPE. Pour le candidat, le nombre important de compétences dont la CAPE a pris la charge amène à se demander “à quoi servent aujourd’hui les mairies à part à délivrer les permis de construire”4.

Jean-Pierre Laurin veut donc réduire les compétences de la communauté d’agglomération, pour “une CAPE moins omniprésente”. Cela signifie que Saint-Marcel récupèrerait la gestion des compétences non obligatoires de la CAPE, comme par exemple l’assainissement. Par ailleurs, le candidat est fermement opposé à toute création de nouveaux impôts par la CAPE, comme la taxe sur les ménages instituée en 2012 2011, qui lui semble “tout à fait injustifiée”5.

En ce qui concerne l’urbanisme, la priorité de Jean-Pierre Laurin est que les grands projets soient “approuvés par les riverains”. Pour le reste, s’il affirme “bien sûr” avoir des idées pour Saint-Marcel, il se demande quelles seront ses marges de manœuvre :

Déjà, il faudra savoir ce qu’on peut faire financièrement. La commune est endettée, on fera avec les moyens dont on dispose.

La dette est en effet un des chevaux de bataille du candidat à la mairie. Selon lui, la dette totale de Saint-Marcel, à sept millions d’euros environ, sans compter une ligne de trésorerie de 500 000 euros, est beaucoup trop élevée6. La politique de gestion de Gérard Volpatti, que le maire de Saint-Marcel décrit comme celle d’un “bon père de famille”, semble donc insuffisante à cet ancien allié.

Pour Jean-Pierre Laurin, la cause de cette dette trop élevée serait la volonté, électoralement payante, de conserver des impôts locaux faible : “Pourquoi on n’a pas relevé les taxes locales pour ne pas emprunter ?”

Il affirme donc une préférence au recours à l’impôt plutôt qu’à ce qu’il nomme “une politique d’emprunts systématiques” :

Si on relève un peu les impôts pendant une certaine période pour pouvoir gérer la commune, ce sera à minima, parce qu’on ne peut pas faire autrement. En contrepartie, les emprunts seront diminués le plus rapidement possible.

Le programme de la liste en cours de constitution par Jean-Pierre Laurin a donc un certain nombre de différences avec la politique menée par Gérard Volpatti. De quoi se demander pourquoi le candidat s’est souvent montré aussi discret que l’opposant socialiste, Rémy Cron, lors des conseils municipaux.

À cela, il répond qu’il pense avoir “bien fait” son travail de conseiller municipal, mentionnant ses quelques protestations en conseil municipal ces dernières années, et son intervention de 2010 lors des vœux du maire7.

Si Jean-Pierre Laurin est encore adhérent à l’UMP, car il voulait “être impliqué” et “savoir ce que font les gens à la tête des partis”. Déçu, il ne sait pas s’il reprendra sa carte en 2013. Par contre, il tient à préciser que sa liste, pas encore constituée, sera quoi qu’il arrive “sans étiquette, communale et démocratique” :

Ce qui m’importe est la compétence des gens qui voudront être sur la liste, leur implication à faire avancer la commune. Je ne m’occupe pas de savoir de quel parti ils sont, la liste est ouverte à tous.

Quand on lui demande ce qu’il penserait d’une alliance de l’opposition, par exemple avec le socialiste Rémy Cron, le candidat se montre potentiellement intéressé, à ses conditions toutefois :

Je suis ouvert à tout dialogue s’il va dans le sens de ce qu’on souhaite, je n’ai pas d’à priori sur les gens. On ne ferme la porte à personne, pour autant que ces gens soient loyaux dans leur démarche, et non là pour venir espionner.

Loin de l’organisation locale parfois millimétrée des partis politiques, Jean-Pierre Laurin et sa liste, Saint – Marcel – Avenir, vont mener une campagne pas forcément très visible. Le candidat l’explique par le manque de moyens :

Nous ne sommes pas des privilégiés, nous ne sommes pas soutenus. Nous sommes mêmes combattus, apparemment pour certains il est préférable de gagner l’élection sans personne en face.
[…]
On va aller au devant des gens, maintenant qu’un espace de parole a été ouvert par la presse locale. On leur dira, démocratiquement, qu’il y a une liste d’opposition.


Mise à jour (11 mars)

Le groupe d’opposition de gauche de Saint-Marcel, par l’intermédiaire de son candidat déclaré, Pierre Zimmermann, a commenté cet article pour démentir les propos de Jean-Pierre Laurin à leur égard. Quant à Gérard Volpatti, sollicité pour une réaction à cette candidature : “Sans commentaire et sans saveur.”


Mise à jour (14 mai) : premier tract de Jean-Pierre Laurin

2013-05 - Jean-Pierre Laurin tract1 partie 1

2013-05 - Jean-Pierre Laurin tract1 partie 2


Aller plus loin

La liste de Jean-Pierre Laurin devrait très bientôt ouvrir un site internet à cette adresse, dans le cadre de sa campagne électorale.

  1. Il est vrai que Rémy Cron, le chef de file du PS de Saint-Marcel, n’est pas d’une grande virulence, et même assez discret, lors des conseils municipaux de Saint-Marcel.
  2. Comme elle en aurait pourtant le droit. “Je ne me l’explique toujours pas”, affirme Jean-Pierre Laurin, qui ajoute cependant : “ça donne une dimension de la puissance du maire”.
  3. Lorsqu’on lui demande si le bowling qui doit naître cette année ne répond pas partiellement à cette demande des jeunes, Jean-Pierre Laurin estime que ce choix a été “maladroit”. Lui aurait préféré l’installation d’une patinoire, un choix “beaucoup plus astucieux” car moins coûteux pour les jeunes.
  4. Voilà un propos en franche opposition avec les dernières interviews de Gérard Volpatti dans le Démocrate. L’actuel maire de Saint-Marcel s’y prononçait en effet pour le renforcement de rôle de la CAPE sur le territoire.
  5. L’opposition à cette taxe sur les ménages est un point commun entre Jean-Pierre Laurin et la majorité municipale vernonnaise.
  6. À titre de comparaison, Vernon, qui compte cinq fois plus d’habitants, a une dette cinq fois plus élevée.
  7. Il ajoute : “Je ne suis pas un ennemi personnel de Monsieur Volpatti. Au conseil municipal, je m’inscris dans un combat démocratique, pas de lutte ou de vengeance”.