Vernon Politique

Vernon, analyse de l’étude SCP sur l’image de la ville chez les habitants

EdNonrev

Sommaire de l'étude de SCP Communication.

Sommaire de l’étude de SCP Communication.

 

Lundi, le Petit journal politique de Vernon révélait certaines questions pour le moins troublantes, qui ont été posées dans le cadre d’une enquête commandée en avril 2012 par la mairie de Vernon, au cabinet SCP Communication, pour 14 900 euros.

 

Mardi, tous les élus du conseil municipal de Vernon recevaient chez eux le compte-rendu complet de cette étude. Plus de 60 pages consacrées à la ville et à sa perception par les Vernonnais, ainsi qu’au maire lui-même, et aux moyens d’information des habitants. Analyse et extraits.

 


 

Dix-sept habitants cités dans une étude qui se veut sociologique

 

Trente personnes auraient été interrogées en juin 2012, sélectionnées de manière à représenter fidèlement la population vernonnaise. SCP Communication, qui vend sa “véritable démarche sociologique”, affirme avoir respecté la répartition géographique et socio-professionnelle des Vernonnais.

 

Il apparaît que seulement dix-sept témoignages ont été repris dans le compte-rendu, qui comporte de très nombreuses citations directes des habitants. L’âge des interrogés va de 26 à 91 ans. Cinq personnes habitent aux Valmeux ou aux Boutardes, quatre au centre-ville, deux à Vernonnet, deux à Bizy, deux sur les bords de Seine, un à Gamilly et un au Moussel.

 

Aucun habitant interrogé ne provient du LRBA, qui ne sera d’ailleurs mentionné dans l’étude qu’au titre du projet de réaménagement du site, malgré le fait qu’un certain nombre de Vernonnais habite toujours la zone pavillonnaire de l’ancienne zone militaire.

 

 

 


 

Chez les Vernonnais, l’emploi comme priorité et “un vrai manque de confiance en l’avenir”

 

SCP affirme que “l’emploi constitue pour une très grande partie des habitants interrogés le point crucial pour l’avenir”. Il semble d’ailleurs que “la politique ne réponde pas à ces craintes”.

 

Un des témoignages d’habitant reprend ce propos, en le liant notamment à la désindustrialisation très forte de ces dernières années : “ce qui fait peur c’est le boulot, moi depuis que je suis là j’en ai vu fermer des usines”.

 

Pour l’agence, la question porte également sur les jeunes, qui “semblent se tourner vers Paris voire même Rouen”. En conséquence, les habitants craindraient que “Vernon ne se transforme en ville dortoir”.

 

Cette situation ferait peur aux interrogés à cause de “la perte de vie” pour une ville. Tout comme la perte de services publics, comme par exemple “l’accès aux soins avec la potentielle fermeture de l’hôpital de Vernon au profit de celui d’Évreux”1.

 

 

 


 

Une ville “en tension” dont la population “se replie sur des entre soi”

 

Le “manque d’identité commune” serait selon SCP une des caractéristiques de Vernon. La cause en serait une “perception presque manichéenne” de leur ville par les habitants. Ainsi que des frontières physiques comme la voie ferrée ou la Seine, qui “empêchent une certaine unité territoriale mais aussi sociologique”.

 

Après la géographie vernonnaise, l’agence estime que “la première tension qui se fait jour entre les habitants de Vernon s’exprime envers la population issue de l’immigration”.

 

Une “tension perpétuelle” qui résulterait d’une “incompréhension sans doute mutuelle” et “des conflits latents”. SCP va plus loin, et affirme que selon certains Vernonnais interrogés, “le principal reproche tient au manque de savoir-vivre et à une certaine montée d’un prosélytisme religieux”.

 

Dans ce rapport, il semble toutefois qu’une partie des Vernonnais questionnés, ceux ayant une “tradition de gauche”, “ne perçoit pas les difficultés évoquées” ou “les mettent beaucoup moins en valeur”.

 

Deux explications à cette différence de perception d’après l’agence : ils auraient des contacts fréquents avec la région parisienne, et ils “semblent vivre au sein de quartiers plus “protégés” de la ville comme le centre ou Gamilly”. Ces habitants “se placent en défenseurs idéologiques d’une municipalité et d’un Maire de Gauche”.

 

SCP conclut sur ce sujet en affirmant que Vernon est une ville marquée par “un communautarisme important à la fois fondé sur l’origine ethnique mais aussi socio-culturelle”. Et ajoute “le problème de ces cercles est qu’ils ne se rencontrent pour ainsi dire jamais”2.

 

 

 


 

“Climat d’inquiétude sur l’avenir” des grands projets

 

Pour une partie des projets sur lesquels les habitants ont été interrogés, l’agence pointe avec insistance le fait qu’ils sont méconnus de la part des habitants, ce qui explique peut-être le feuillet promotionnel distribué en janvier 2013 par la mairie de Vernon.

 

D’après les témoignages des habitants, le réaménagement des bords de Seine est vivement souhaité, et le début de celui-ci par la majorité socialiste serait plutôt apprécié. Le réaménagement du site du LRBA serait le projet “le plus sensible” selon SCP. Celui de la gare est soutenu par tous les habitants interrogés3.

 

Selon SCP, seuls deux projets municipaux seraient bien connus des Vernonnais interrogés:

  • Le plan de circulation instauré en 2011 en centre-ville, jugé très négativement et dont la mise en place “aurait gagnée à être concertée en amont”.
  • La création d’un pôle social dans le quartier des Boutardes. Les Vernonnais questionnés ne sont “pas contre un regroupement des services dits sociaux”, mais estiment que son emplacement va “un peu plus enfermer et stigmatiser un quartier déjà sensible et habité par une population précaire”4.

 

En ce qui concerne la caserne Fieschi ou l’opération ANRU aux Boutardes, opérations portées depuis des années et plusieurs mandats, l’agence estime que le temps a fait son oeuvre :

Parce qu’un certain nombre de projets portés par l’actuelle municipalité reprend d’anciens projets abandonnés, on observe une certaine notoriété de ces derniers.

 

La multitude d’opérations urbanistiques de grande taille dans les années à venir ne serait pas sans inquiéter les Vernonnais interrogés :

Le manque d’informations des habitants sur ces projets et leur répercussion sur les impôts par exemple, concourent à créer un climat d’inquiétude sur l’avenir.

 

 

 


 

L’image du maire : une “perception d’éloignement” et “un sentiment de favoritisme”

 

SCP estime dans son compte-rendu que “la perception du maire est plutôt compliquée”. En particulier, certains percevraient un “éloignement” de Philippe Nguyen Thanh envers une partie des Vernonnais. Ces habitants lui reprocheraient également, en contrepartie, “de trop favoriser la couche précaire de la population et en sous-jacent, les personnes issues de l’immigration”.

 

Résumé par l’agence, cela donne une “impression d’un déséquilibre d’action qui […] au final met à mal l’intérêt général”. Une situation qui “contribue évidemment aux clivages et aux tensions qui sont à l’oeuvre dans la population vernonnaise”.

 

En ce qui concerne l’image de la majorité municipale, SCP affirme que les oppositions publiques entre socialistes, communistes et écologistes “sont relativement mal perçues” par les habitants. Ces derniers auraient d’ailleurs une connaissance “très vague” de leurs dirigeants, “à l’exception de Madame Ségura”.

 

Une phrase de l’étude fera sans doute plaisir à Jean-Luc Miraux, aujourd’hui candidat indépendant (liste Vernon Tous Ensemble) : “L’ancien maire est également relativement présent dans les discours” des Vernonnais interrogés5.

 

L’étude a été réalisée juste après les élections législatives de 2012, qui a vu trois candidats se présenter en arguant de leur appartenance au Parti Socialiste, avec pour résultat un second tour opposant le FN à l’UMP. Elle reflète la colère des Vernonnais politiquement à gauche, l’un parle notamment d”un “problème d’ego”, et ajoute :

On partage leur sensibilité, mais à la fin ils vont finir par saboter ou scier la branche sur laquelle ils sont assis.

 

Le groupe socialiste pourra cependant se satisfaire, d’un point de vue électoral, du fait que c’est “l’idéologie qui prévaut” dans la perception qu’ont les habitants questionnés :

On retrouve de nouveau le socle de gauche de la population qui, elle, porte un jugement positif sur le maire et son action et se réjouissant du passage de la gauche à Vernon6.

 

 

 


 

La communication municipale aux abonnés absents, le Démocrate durement critiqué

 

Selon le rapport, les Vernonnais s’informeraient avant tout par le bouche à oreille et par l’intermédiaire du Démocrate Vernonnais. Il est à noter que Paris Normandie n’est “pour ainsi dire jamais cité”, pas plus que les sites internet locaux.

 

Pour l’agence SCP, si le magazine municipal “est plutôt connu”, il n’est “que très peu lu”. Un des habitants interrogés se montre plus clair, parlant de “propagande” avec des contenus “que positifs”. Le site internet de la ville “semble être utilisé” et, si un habitant critique sa maquette (qui a changé récemment), les Vernonnais interrogés semblent très satisfaits du niveau des informations qui s’y trouvent.

 

Le rapport pointe le fait que “les affiches municipales quant à elles ne sont absolument pas repérées par les habitants”. Pour l’agence, c’est un réel problème car “on sait que l’affichage touche essentiellement les faibles lecteurs, les jeunes mais aussi les personnes (en général les actifs) se déplaçant en voiture”. Ces publics, de manière générale, “ne sont pas touchés par les autres modes de communication”.

 

Pour terminer, l’agence SCP s’exprime très durement sur l’hebdomadaire local, le Démocrate Vernonnais. Ce qui donne dans le texte :

[…] les articles publiés dans le Démocrate sont non seulement à dimension populiste (mais non dénués de politique) et plutôt opposé à la majorité municipale. […] le vide communicationnel laissé par la Ville est rempli par des rumeurs, des ouis dires et une presse un peu à scandale, en tout cas activiste.