Vernon Politique

Logement sociaux en bord de Seine : statu quo jusqu’aux élections

EdNonrev

Les immeubles Louis Hébert et Anatole France, vus de l'avenue de Paris.

Les immeubles Louis Hébert et Anatole France, vus de l’avenue de Paris.

 

Eure Habitat prévoyait la destruction de 70 logements sociaux en bordure du centre-ville de Vernon. Aujourd’hui, la fédération de l’Eure de la confédération nationale du logement (CNL27) a annoncé aux locataires que ce projet était gelé au moins jusqu’au élections municipales de 2014.

 

La destruction temporairement évitée, le président de la CNL 27, Jacques Caron, milite désormais pour une rénovation. Il a incité les habitants à faire du sujet “un élément du débat” de la campagne pour les élections municipales de 2014.

Eure Habitat est le plus gros bailleur social du département, et son conseil d’administration est composé de nombreux élus socialistes, comme le maire de Vernon ou le président du conseil général, Jean-Louis Destans. Pour leurs projets de construction ou de “reconstruction”, les bailleurs sociaux dépendent des subventions accordées ou non par le conseil général de l’Eure.

 

La convention d’attribution des aides au logement de 2013 à 2018 par le conseil général sera bientôt officialisée. Il y est indiqué que la reconstruction des immeubles Louis Hébert et Anatole France est “abandonnée” : aucune subvention ne sera distribuée pour cela1.

 

Du côté d’Eure Habitat, son directeur Gilles Gal aurait “fait comprendre” à Jacques Caron qu’aucune décision ne serait prise avant les élections municipales. Philippe Nguyen Thanh, sollicité par courrier en novembre dernier, n’a jamais répondu, selon le président de la CNL 272.

 

 

 


 

La CNL plaide à nouveau pour la rénovation

 

Jacques Caron, président de la CNL 27 (et membre du PS), explique la situation aux résidents.

Jacques Caron, président de la CNL 27 (et membre du PS), explique la situation aux résidents.

 

La destruction évitée pour le moment, le président de la CNL 27 demande un programme de réhabilitation de ces immeubles. Construits il y a une cinquantaine d’années, ces immeubles ont visiblement été délaissés depuis très longtemps par Eure Habitat, qui avait déjà essayé de les détruire il y a vingt-trois ans3.

 

Jacques Caron estime que ces logements, par leur surface et la répartition de leurs pièces, “correspondent totalement à la demande actuelle”. Il affirme aussi que dans une expertise commandée par la CNL 27 à propos de logements sociaux ébroïciens, le prix de destruction-reconstruction d’un logement permettait “de rénover trois logements”4.

 

La CNL veut “trouver une formule pour faire les travaux”. Jacques Caron a rappelé l’intention d’Eure Habitat de vendre la parcelle à la Secomile dans son projet de destruction5. Il propose qu’une vente se fasse, mais “à un organisme qui rénove”6.

 

Le président de la CNL 27 admet que les locataires devront attendre encore longtemps avant que les logements ne soient éventuellement rénovés, s’ils échappent finalement à la destruction. Mais il estime que les choses vont plutôt dans la bonne direction :

Le logement social est un paquebot. Ca ne va pas très vite, [NdA : l’attente] c’est le prix à payer.

 

 

 


 

Des immeubles qui divisent la gauche vernonnaise

 

Après la réunion publique, Michèle Tamagnaud, adjointe chargée du logement à Vernon, discute avec l'ex-adjoint écologiste Jean-Claude Mary et Jacques Caron.

Après la réunion publique, Michèle Tamagnaud, adjointe chargée du logement à Vernon, discute avec l’ex-adjoint écologiste Jean-Claude Mary et Jacques Caron.

 

Jean-Claude Mary, à la fin de la réunion publique, se dit “content” des informations amenée par Jacques Caron. L’ex-adjoint écologiste rappelle qu’il a toujours soutenu une réhabilitation. Et affirme en citant les expertises de la CNL 27 sur les aspects financiers :

Quand le maire de Vernon m’a dit en conseil municipal qu’il fallait abattre ce bâtiment car il était trop vieux, il m’a menti.

 

Pour la communiste Annick Le Gac, il est “scandaleux” que Philipe Nguyen Thanh n’ait jamais répondu à la CNL 27. Surtout, elle veut “suivre l’avis de la majorité des habitants qui veulent rester ici”, “des gens corrects qui paient leur loyer” qui auraient “aussi le droit d’être en centre-ville et d’avoir vue sur la Seine”. Y compris dans le cas où la rénovation serait plus coûteuse que la destruction-reconstruction.

 

Michèle Tamagnaud, adjointe socialiste chargée du logement à Vernon, était elle aussi présente. Elle estime qu’il n’est pas possible de “laisser comme ça” les habitants. Pour elle, et ce quelle que soit la solution adoptée, “il faudra en trouver une pour optimiser le confort”. Sans indiquer si elle favorisait la destruction ou la rénovation.

 

L’adjointe a bien résumé, avec un soupçon d’ironie, les intentions des bailleurs et collectivités pour ces immeubles : “il est urgent d’attendre”. Une habitude pour les habitants, dont les logements sont comme en suspens depuis des décennies.