Vernon Politique

Sébastien Lecornu, la politique autrement ?

EdNonrev

2014-03 - Sebastien Lecornu

“Faisons de la politique autrement”, assure le candidat UMP de Vernon Sébastien Lecornu, à tel point qu’il a nommé ainsi un chapitre du livre-programme distribué depuis plusieurs mois dans la ville. Il y fait de la transparence et du renouvellement des hommes et des pratiques des enjeux majeurs de son projet politique.

Les arrières-cuisines de sa campagne électorales sont pourtant plus troubles que la clarté affichée en public. Entre les largesses gouvernementales de conseiller ministériel et des accusations de pratiques de campagne électorale plutôt datées, Sébastien Lecornu semble vouloir mettre toutes les chances de son côté, sans toujours respecter ses promesses. Le tout sur fond de combat féroce avec la liste sans étiquette de l’ancien maire UMP Jean-Luc Miraux, qui n’est pas toujours en reste d’avanies.

  1. Les clubs sportifs discrètement subventionnés
  2. Troubles jeux électoraux
  3. Deux listes à couteaux tirés

Les clubs sportifs discrètement subventionnés

Nous sommes en 2012, peu avant les élections présidentielles qui verront la droite quitter le pouvoir national. Sébastien Lecornu, alors conseiller ministériel à l’agriculture avec Bruno Le Maire, obtient que le ministère de la jeunesse et des sports verse des subventions exceptionnelles à différents clubs sportifs vernonnais, comme le SPN ou le SMV, entre autres.

“J’ai le plaisir de vous annoncer que suite à mon intervention, Monsieur David Douillet, Ministre des sports, vient d’accorder…”, écrit le candidat aux clubs qui bénéficieront des largesses ministérielles. De quoi créer de bonnes relations en vues des élections à venir. Mais un accroc, peut-être, aux assurances d’équité et de justice qu’il donne dans son programme.

Sébastien Lecornu estime que son action, et la relative discrétion qui l’a accompagnée, n’ont rien d’anormales :

Je n’ai pas voulu instrumentaliser la chose. Des clubs sont venus me voir, la procédure administrative a été respectée, s’ils ont eu l’argent c’est qu’ils remplissaient les critères nécessaires. L’éventuel problème, c’est que les associations ne savent pas forcément que ces subventions existent.

Le ministre de la jeunesse et des sports de l’époque, David Douillet, en visite à Vernon, abonde :

Le rôle du ministre à travers ce type d’enquêtes est de favoriser la vie des associations […] les services de l’Etat font leur travail.

Pourtant, dans au moins un cas, le dossier qui a été envoyé au ministère de David Douillet est décrit par un interlocuteur associatif qui souhaite rester anonyme comme “bidon” car “sans objet et sans projet à financer”, loin des standards ministériels que garantissent les deux amis politiques.


Troubles jeux électoraux

L’accusation émane de Bernard Touchagues, conseiller municipal FN jusqu’en 2010 et aujourd’hui candidat indépendant. Lors de la présentation de son programme, il affirme feuilles en main et colère en bandoulière que l’UMP lui a fait passer un bilan extrêmement critique du mandat de Jean-Luc Miraux :

Il s’agit là de donner à Monsieur Touchagues des billes contre Monsieur Miraux. Monsieur Lecornu déclarait en 2009, que le bilan de Monsieur Miraux est positif […] et on me donne ce torchon !

Caserne Fieschi, fonderie, parcmètres, emprunts toxiques, LRBA, ce document qui couvre la période 2001 – 2008 n’épargne pas la mandature Miraux. Il se concentre sur des aspects complexes de gestion financière et de certains grands dossiers, qu’il est dur d’expliquer dans l’atmosphère d’une campagne électorale.

Sébastien Lecornu assure ne rien à voir avec ce document :

C’est faux, je démens totalement, je n’ai pas besoin de Monsieur Touchagues pour ma campagne électorale, qu’il prouve ses dires.

Recontacté, Bernard Touchagues se fait un peu plus précis, et insiste. Ces feuilles lui auraient été données par “un député de l’Eure” affilié politiquement au candidat, par l’intermédiaire de deux personnes successives.


Deux listes à couteaux tirés

L’ancien maire UMP Jean-Luc Miraux, ses colistiers et ses militants ont pendant plusieurs mois affirmé à qui voulait l’entendre que Sébastien Lecornu avait bénéficié d’un tarif très avantageux, un peu trop avantageux même, pour son livre-programme. “Nous avons fait faire un devis”, détaillait un candidat ravi de prendre en défaut son adversaire.

Après vérification auprès de l’imprimeur en question, il s’avère que le tarif annoncé par l’UMP, de 2000 € les 3000 exemplaires, correspond à la réalité. A l’inverse du devis plus approximatif, et très supérieur, réalisé auprès de la même entreprise par la liste de Jean-Luc Miraux. Qui a sagement arrêté d’en parler depuis que cette erreur lui a été signalée.

Cela témoigne cependant de l’atmosphère exécrable qui règne depuis maintenant plusieurs mois entre ces deux listes. L’UMP ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet. Les équipes de Jean-Luc Miraux, qui n’hésitaient pas à rendre ces accrochages publics, se sont faites plus discrètes.

Les serrures des permanences ont ainsi été remplies de colle à plusieurs reprises ces derniers mois, d’après les candidats. Des faits plus graves émaillent cependant cette fin de campagne. L’un des colistiers de Sébastien Lecornu a ainsi récemment déposé une plainte pour menaces de mort.