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Les campagnes de l’intérieur : Jean-Luc Miraux, le terrain avant tout | Petit journal politique de Vernon

EdNonrev

De gauche à droite : Amor Louhichi, Steve Dumont, Jean-Luc Miraux, Sylvie Malier, Pascal Punel. Les trois autres membres du bureau de Vernon Réussite / Vernon Tous Ensemble sont Ludovic Vauchel, Caroline Lecler et Alain Lidôme.

Dans le cadre d’un partenariat entre Le Démocrate et le Petit journal politique de Vernon, je signerai désormais régulièrement des articles dans le journal papier, les versions longues étant toujours publiées ici. Cet article est le premier d’une série consacrée à l’intérieur des campagnes électorales municipales des partis vernonnais, qui ont tous accepté de me recevoir en reportage.

Jean-Luc Miraux, candidat indépendant et ancien maire UMP, est plus que jamais en lice pour récupérer son fauteuil. Récit de l’intérieur de la dernière réunion de campagne de Vernon Réussite, au début du mois de février.

Dans ce conseil d’administration, qui devrait plus ou moins recouper sa future liste électorale, une trentaine de Vernonnais de tous âges, et d’origines sociales, professionnelles et géographiques manifestement diverses.

Jean-Luc Miraux, en homme politique averti, salue chacun d’une attention ou d’une blague. Le sous-sol de la permanence de l’association, ouverte depuis plus d’un an, est bien rempli par les présents. L’ambiance est cordiale, avant que le silence ne se fasse pour la réunion elle-même.

C’est Jean-Luc Miraux qui va s’exprimer tout au long de la soirée. Il est suivi de Steve Dumont et Sylvie Malier pour les aspects techniques de la campagne électorale. C’est la dernière réunion de Vernon Réussite, qui a été dissoute le premier mars pour devenir Vernon Tous Ensemble, du nom de la future liste de l’ancien maire.

En ce mois de février où « les choses semblent faciles », c’est « l’excès d’optimisme » qui guette, déclare Jean-Luc Miraux au début de la réunion, entre deux statistiques élogieuses. L’occasion de rappeler que cela lui coûta déjà son siège de maire en 2008 : « De grâce, ne vous dites pas que c’est gagné, il faut se battre jusqu’au bout »1.

Car ce soir-là, avant d’être une réunion politique, c’est bien une réunion de campagne électorale qui se déroule : il est d’abord question de logistique. Comment s’organiser pour trouver les meilleures idées pour la ville ? Surtout, comment les présenter de la manière la plus efficace possible aux électeurs ?

Pour les idées, Jean-Luc Miraux et son équipe ont choisi de favoriser la démocratie et l’ouverture, du moins en apparence. Chaque grand thème municipal est couvert par des commissions, devant lesquelles ont été ou seront invités des Vernonnais considérés comme experts d’un domaine particulier2.

Ce n’est pas tout. En vacances, lors de leurs voyages, dans les médias, tous les membres de l’association sont vivement encouragés à faire remonter des initiatives municipales observées dans d’autres villes.

Un militant demande si cela n’augmentera pas « le risque de fuite » des bonnes idées de leur programme. Le candidat lui répond espérer que « le travail interne reste interne », avant de se montrer plus réaliste : « on peut être pillés », et « pas exclusivement » par la majorité de gauche.

Pour la machinerie électorale, Vernon Réussite semble maîtriser son sujet. Jean-Luc Miraux explique au conseil d’administration les subtilités des règles en matière de financement d’une campagne électorale, et les conséquences pour le plan de communication des semaines à venir3.

Il laisse ensuite la parole aux membres du bureau de Vernon Réussite, qui détaillent avec une précision certaine les forces et faiblesses de leur dispositif sur le terrain. Steve Dumont a expliqué longuement aux présents l’importance à ses yeux de ce dispositif de maillage de la ville et de ses onze mille boîtes aux lettres : « Dans toute campagne , certaines choses doivent être faites dans la rapidité. »

Aujourd’hui, Vernon Réussite (bientôt Vernon Tous Ensemble) possède des fichiers détaillés, un découpage de la ville en dix quartiers, une permanence ancrée dans le paysage depuis plus d’un an, et plusieurs centaines d’adhérents et de sympathisants. Après cinq ans de préparation, le travail de terrain sera manifestement un point fort de la liste Vernon Tous Ensemble4.

En ce début d’année 2013, Jean-Luc Miraux peut donc avoir le sourire, malgré une investiture de l’UMP promise à Sébastien Lecornu, le très confiant président de Générations Vernon5. L’ancien maire est prêt à se lancer pleinement dans une campagne officielle, depuis le premier mars dernier et l’ouverture de la période préélectorale. Ses adversaires sont prévenus.


De faibles perspectives d’alliances à droite

Lors d’une conférence de presse, en novembre 2012, Jean-Luc Miraux affirmait sa volonté d’alliance avec Sébastien Lecornu, le candidat non-déclaré de l’UMP. À la seule condition que l’ancien maire reste tête de liste, car « avec une ville comme Vernon, il faut une expérience certaine pour démarrer »6.

Une position réaffirmée lors de la réunion de février :

Je n’ai jamais changé de position, en lui proposant de le rejoindre pour être adjoint, avoir éventuellement une place à la communauté d’agglomération, puis candidat aux cantonales. Je trouvais déjà que la mariée était plutôt belle. Lui-même dit qu’il ne s’est rien passé à Vernon depuis vingt ans, ce n’est pas très sympathique à notre égard. La situation est compliquée mais je reste ouvert. Des amis essaient de le convaincre, mais pour un partenariat, il faut être deux.

En novembre, il justifiait ainsi sa volonté d’être maire en cas de fusion des deux listes :

On a vu ce qu’une équipe constituée de gens inexpérimentés peut faire de dégâts dans une ville. Cela doit nous servir de leçon pour l’avenir, pas question de confier une ville à des gens qui n’ont pas l’expérience de la chose publique.

En ce qui concerne les délais, Jean-Luc Miraux estime qu’un accord devra être trouvé « dans les deux mois qui viennent » car « ce ne sera plus après ». Il refuse par ailleurs toute idée de désistement, ou d’alliance entre les deux tours :

Il n’y aura pas d’accord au soir du premier tour. Je ne tuerai pas mes amis pour faire de la place à des gens qui nous rejoindraient tardivement. Je n’ai pas cette vision de la politique.

Il semble donc aujourd’hui improbable qu’une alliance voie le jour entre Jean-Luc Miraux et Sébastien Lecornu. En particulier lorsqu’on se souvient que ce dernier a affirmé récemment qu’aucun accord précoce ne se ferait. Il a seulement évoqué d’éventuels accords à la veille ou au lendemain du premier tour, en 2014 donc.

Quant aux militants, difficile de savoir ce qu’il en est, même si on sent indéniablement de très fortes tensions de part et d’autre. Ainsi, un des vice-présidents de Vernon Réussite, Amor Louhichi, ne se prive pas de partager sur Twitter (et ailleurs) un discours de Sébastien Lecornu exhumé de la campagne des municipales de 20087 :

@lorisguemart @ldmocrate @cameradiagonale @unionprvernon Une amitié de 30 ans,ça dure combien de temps ? youtube.com/watch?v=UPRxpE…

— Amor LOUHICHI (@AmorLouh) 22 février 2013

  1. L’occasion d’enjoindre chacun des présents à chercher à convaincre jusqu’aux élections. Convaincre les sympathisants de donner leurs coordonnées, convaincre ses voisins de l’intérêt de leur liste, convaincre les Vernonnais de voter pour Jean-Luc Miraux.
  2. Pour l’ancien maire, le but est multiple. Il y a l’obtention de bonnes idées, certes. Mais aussi, Il montre à tous son ouverture affichée. Enfin, il coupe l’herbe sous le pied de ses adversaires en récupérant des idées promues par des Vernonnais influents mais pas forcément impliqués dans la vie politique de leur ville
  3. Des règles qui expliquent notamment l’intense campagne d’affichage du mois de février : aucune affiche de Vernon Réussite ne devait être collée à compter du premier mars, au risque de devoir imputer la dépense au compte de campagne de la liste, Vernon Tous Ensemble, sur lequel il y a une limite légale de 15 000 euros.
  4. Ces dix quartiers de Vernon, utilisés aujourd’hui comme base topographique de campagne électorale, sont appelés à se transformer en dix conseils de quartiers si l’ancien maire arrive à gagner en 2014.
  5. Signe de cette confiance, les militants n’hésitent pas à affirmer en privé leur large supériorité sur le terrain face aux équipes de Jean-Luc Miraux.
  6. Il disait alors de l’investiture éventuelle de Sébastien Lecornu par l’UMP : « À ma connaissance, le parti dont il se réclame ne lui a pas donné l’investiture, il se l’est donnée à lui-même ».
  7. Un discours que le président de Générations Vernon dit “assumer totalement”. D’après lui, il n’a “aucun état d’âme” à avoir soutenu sans réserve “le candidat officiel de l’UMP”. Il rappelle par ailleurs que sa position sur la liste en 2008 en faisait à l’époque “une caution jeune”.