Lors du conseil municipal du 10 octobre dernier, le maire a fait voter le dépôt de déclarations préalables, nécessaires car le site de l’ancienne piscine est classé. Cependant, la mairie se refuse à présenter aux élus ou à la presse les nouveaux visuels de ce projet de plus d’un million d’euros. Une attitude qui semble incompréhensible, alors que cette reconversion est centrale dans le projet plus global de réaménagement des berges de Seine.
Ce projet avait été annoncé, puis confirmé, en décembre et janvier dernier. La dépense doit se monter à 1,24 millions d’euros, répartis à l’origine sur les années 2012 et 2013. En janvier, des visuels préliminaires, issus d’une étude de définition, avaient été présentés : la piscine elle-même devait être transformée en esplanade avec des jeux d’eau, le reste du terrain devenait gradins enherbés descendant vers la Seine, et des pontons étaient prévus pour marcher le long du fleuve.
La version présentée au dernier conseil a été manifestement modifiée depuis janvier. L’esplanade est transformée en “miroir d’eau” convertible en jeux d’eau ou en brumisateurs. Aux gradins doivent s’ajouter des “placettes en bois” et un amphithéâtre. Au départ supprimé, le kiosque d’accueil sera conservé (et modifié). Absents de l’étude de définition, des sanitaires et des locaux techniques viendront s’ajouter au site.
À l’Atelier Vert Latitude, cabinet de paysagistes caennais en charge de l’étude initiale et maître d’oeuvre, on explique que le projet reste inchangé dans ses grandes lignes. Et l’on parle de “propositions techniques complémentaires” engendrant des modifications “à la marge”. Les visuels issus de l’étude initiale sont par ailleurs consultables sur le site internet de l’agence.
Pourquoi ce refus de la mairie de permettre la consultation des nouveaux visuels ? Au service de communication, on explique que le projet n’est “pas encore abouti”. Et que le visuel (de très petite taille) présenté aux élus (pas au public) lors du conseil municipal “donne des ambiances mais n’est pas contractuel”. Compte tenu du “poids des images”, la mairie préfère donc s’abstenir de les diffuser.
Une argumentation plutôt étrange, car la mairie n’avait pas hésité à présenter les visuels issus de l’étude préliminaire en janvier dernier. De plus, le vote au dernier conseil entérine la présentation du projet à l’Architecte des Bâtiments de France. Or il n’est pas dans l’habitude de l’ABF d’examiner pour validation un projet non définitif…
Interrogé sur le sujet en tant qu’adjoint à l’urbanisme, l’élu communiste Jean-Luc Lecomte ne comprend pas ce refus de ses alliés socialistes :
Je suis de ceux qui pensent que chaque projet d’importance doit être débattu avec les élus et, au delà, avec la population, avant même qu’il soit abouti. […] Je suis convaincu que la pertinence des projets municipaux et leur construction doivent faire l’objet d’une véritable concertation et non d’une simple information, par ailleurs parfois incomplète. Mais quelle est donc cette peur de perdre le pouvoir ?
Des propos qui confirment ceux tenus par Jean-Luc Miraux au dernier conseil municipal. Reprenant alors un de ses thèmes favoris (le manque de transparence), l’ancien maire s’était étonné du peu d’informations données par la majorité aux conseillers municipaux1 :
Sans déclaration préalable, aurait-on vu ce projet en détails ? Une fois encore, est-ce qu’on nous le présenterait sans ces nécessités administratives ?
Concernant l’aspect financier de la reconversion, la majorité avait inscrit 500 000 euros de dépenses pour l’année 2012. Voilà ce que Jean-Luc Miraux en pensait en décembre 2011, lors du vote du budget :
Vous inscrivez 500 000 euros, mais combien allez-vous en dépenser en 2012 ? Pourquoi pas mettre 200 000 euros, mais quel est l’intérêt de prévoir autant si c’est pour ne pas les dépenser, vu le temps nécessaire pour monter un tel projet ?
Le maire lui avait alors répondu que cette somme avait été inscrite au budget “pour que le projet aille rapidement”. Et ajoutait : “Vous me taquinerez peut-être à nouveau en fin d’année, j’espère que vous n’aurez pas à le faire.”
Il semble clair aujourd’hui que les travaux ne commenceront qu’en 2013, compte tenu des délais administratifs. On peut donc supposer que Jean-Luc Miraux “taquinera” Philippe Nguyen Thanh à ce sujet dans les mois à venir…
- L’ancien maire, qui affirme apprécier le projet, a pourtant voté contre avec son groupe Vernon Réussite (comme Bernard Touchagues).