En février, un certain nombre de Vernonnais ont été sondés par l’Institut Français d’Opinion Publique (IFOP). Commandé par la CAPE, ce sondage contenait des questions relatives à la communauté d’agglomération et à l’efficacité de sa communication en direction des habitants.
Une question extrêmement sensible en cette période préélectorale, sur la popularité de différents hommes politique vernonnais, a également été posée. Question qui révèle une pratique fort peu déontologique de la part de l’institut de sondage, et qui explique probablement la confiance du pas-encore-candidat Sébastien Lecornu (UMP).
Les élus de la communauté d’agglomération ne sont pas au courant de ce sondage, qui devrait leur être présenté d’ici quelques semaines. Un choix normal d’après la CAPE, qui affirme que cela ne relevait que de son service communication. Les seuls élus impliqués furent donc Cécile Caron, vice-présidente chargée de la communication, et le président Gérard Volpatti.
Les questions, pour leur part, relevaient presque toutes d’un besoin qui peut être légitime, celui de savoir si les habitants connaissent et apprécient à leur juste valeur le travail effectué par la communauté d’agglomération (intitulés et réponses possibles en bas de cet article).
Bref, rien d’anormal pour une communauté d’agglomération qui cherche à s’affirmer. Ce n’est pas le cas des deux dernières questions :
- Quel est votre avis sur les personnalités politique locales suivantes : Philippe Nguyen Thanh, Jean-Luc Miraux, Bernard Touchagues, Sébastien Lecornu, et un cinquième nom pas en ma possession. Réponses possibles : très favorable / favorable / neutre / défavorable / très défavorable.
- Pour qui avez-vous voté au premier tour des élections présidentielles de 2012 ?
À la CAPE, on reconnaît que l’IFOP a inclus la question relative aux présidentielles sans coût supplémentaire. Par contre, le service communication jure ses grands dieux que la question relative aux candidats (ou futurs candidats) aux élections municipales de 2014 ne figurait pas dans la commande de l’INSEE l’IFOP.
Après vérification auprès de l’IFOP, il s’avère que l’institut se permet effectivement de mélanger des enquêtes d’opinion sans prévenir ses clients. Une pratique qui semble fort peu déontologique, en particulier lorsque les deux sondages sont manifestement incompatibles entre eux.
Les retours obtenus auprès des habitants interrogés par l’IFOP ont d’ailleurs été sans ambiguïté : beaucoup se sont montrés scandalisés, croyant payer à travers la CAPE pour une question relative aux élections municipales à venir.
Mais revenons au commanditaire de cette unique question supplémentaire, glissée par l’IFOP dans un sondage rémunéré par le contribuable1. Quel est le candidat qui, de manière très maligne, et pour un coût fort modique gratuitement, a donc réussi à savoir quelle est la côte de popularité des responsables politiques vernonnais ?
Je ne dispose pas de preuves écrites formelles. Par contre, depuis plusieurs semaines que je mène l’enquête, un seul candidat se dégage clairement : Sébastien Lecornu, le président de Générations Vernon et candidat non encore déclaré.
En effet, l’équipe dirigeante de Générations Vernon affiche, en privé comme en public, une confiance jamais vue chez eux, et un comportement à la limite de la morgue envers Jean-Luc Miraux, l’ancien maire UMP et maintenant candidat indépendant (liste Vernon Tous Ensemble)2.
Seul un solide sondage, nettement favorable, permet d’expliquer cette attitude. Il se trouve qu’hier soir, un des Vernonnais anonymes présents sur Twitter, fort bien informé, a publié une approximation des réponses vernonnaises à cette question de popularité des candidats :
#Sondage : PNGT carbonisé / Touchagues HS / Miraux rejeté / Lecornu en tête mWaaaawaa @ldmocrate @lorisguemart @cameradiagonale
— LeWernonnaisMasqué (@LeWMasque) 20 mars 2013
Interrogé sur le sujet à plusieurs reprises, Sébastien Lecornu n’a pas démenti, mais il ne souhaite pas commenter cette information, car il n’a “rien à dire”. Cela étant écrit, jamais je n’avais vu l’équipe dirigeante de Générations Vernon aussi manifestement gênée face à une question.
Une question qui ne redore franchement pas le blason de la CAPE auprès des habitants interrogés par l’IFOP, qui ont cru qu’elle en était responsable. Une question qui peut aussi mettre en difficulté, au sein de la communauté d’agglomération, son président Gérard Volpatti. Un Gérard Volpatti qui est lui-même un allié politique de Sébastien Lecornu pour les élections municipales de 2014…
Mise à jour
Je suis en mesure de confirmer avec certitude que la CAPE n’a pas commandé à l’IFOP la question relative à la popularité des candidats vernonnais. J’ai supprimé en conséquence une note de bas de page qui expliquait pourquoi je ne pouvais donner cette confirmation.
D’après mes informations, Sébastien Lecornu aurait fait valoir les réponses à cette question, qui lui seraient très favorables, auprès de Bruno Le Maire. Un argument qui aurait eu pour conséquence d’écarter définitivement la possibilité que l’investiture de l’UMP se porte sur Jean-Luc Miraux.
La commande de la CAPE portait sur une enquête auprès de 505 personnes, sur tout le territoire de la communauté d’agglomération. Cela signifie qu’environ 250 220 personnes ont été appelées à Vernon, qui représente la moitié de la population. Un sondage est habituellement fait sur un échantillon de 1000 personnes contactées : 500 personnes questionnées est vraiment la barre inférieure, en-dessous de laquelle il est difficile de tirer des conclusions utiles3. Cette information relativise donc la fiabilité des réponses à la question de savoir qui est le candidat favori des Vernonnais…
Caméra Diagonale est allé à la pêche aux informations suite à cet article. Une pêche fructueuse, qui montre que non seulement la question litigieuse a été posée gratuitement par l’IFOP pour le compte de l’UMP, mais aussi que ça s’est probablement fait à l’insu de la CAPE : Vernon-CAPE suite, quand la fiction dépasse la réalité
Réactions politiques :
- Bernard Touchagues, conseiller municipal vernonnais élu avec l’étiquette FN depuis 1995 et aujourd’hui candidat indépendant (liste L’Union Pour Vernon), a publié un commentaire fort bien renseigné sur les pratiques des instituts de sondage. Il a également envoyé à Gérard Volpatti plusieurs questions à ce sujet. La CAPE a répondu par un courriel que je publie ci-dessous. La communauté d’agglomération ne répond que très partiellement à ses interrogations.
- Jean-Luc Miraux a également réagi sur le site de son association : Le coup du sondage.
- Hervé Herry, président du Grand-Vernon CRI, membre de Générations Vernon et de l’UMP, a commenté cet article à deux reprises : ici et ici.
Sondage : les questions posées par la CAPE
Voici l’intitulé de la plupart d’entre elles, avec les réponses possibles entre crochets4 :
- Est-ce que vous savez si vous faites partie d’une communauté d’agglomération ? [oui/non]
- Est-ce que vous connaissez le nom de cette communauté d’agglomération ? [oui/non]
- Est-ce que vous en connaissez le président ? [oui/non]
- Est-ce que vous connaissez ses prérogatives ? [liste de compétences comme l’eau, les déchets…]
- Qu’est-ce que vous pensez des projets de la CAPE ? Gare de Vernon, caserne Fieschi, site des Tourelles, village de marques, LRBA. [très favorable/favorable/neutre/défavorable/très défavorable]
- Qu’est-ce que vous pensez de la délimitation géographique de la communauté d’agglomération ? [très favorable/favorable/neutre/défavorable/très défavorable]
- Comment jugez-vous les efforts de communication de la communauté d’agglomération ? [très favorable/favorable/neutre/défavorable/très défavorable]
- Quelques questions sur les moyens utilisés par les habitants pour s’informer sur la CAPE et le territoire.
- Quelques questions relatives aux attentes des habitants.