C’était il y a un mois, et c’était censé être une “grande” réunion publique. Le nombre très faible de présents, une vingtaine, l’a transformée en une vraie réunion militante de préparation de campagne.
L’occasion pour Jean-Luc Lecomte, chef de file des communistes vernonnais et adjoint à l’urbanisme, de discuter avec ses militants. Mais aussi avec des sympathisants ouvertement défiants face à sa stratégie…
Sommaire :
- Les communistes veulent peser face au PS
- L’implacable arithmétique électorale
- L’emploi, sujet majeur pour les présents
Les communistes veulent peser face au PS
Emmanuel Colletis, conseiller municipal communiste, n’a pas hésité à parler franchement à des sympathisants sceptiques. Jean-Luc Lecomte s’est contenté d’observer, avec son habituel demi-sourire, ces échanges plutôt musclés.
Pour Jean-Luc Lecomte, le problème est simple : “Est-ce que communistes et Front de Gauche, ou les socialistes, tous seuls, peuvent faire quelque chose ?”. Personne dans la salle ne le contredit quand il conclut d’un “non” sans appel. C’est la raison de l’agitation des communistes ces dernières semaines. Tirant les premiers, il espèrent “être à l’initiative du rassemblement”.
Seule différence avec 2008, le fait que “les négociations pour les alliances doivent se dérouler publiquement”. Quant à savoir s’il est question de repartir avec Philippe Nguyen Thanh et ses adjoints les plus proches, la réponse est la même que celle faite à la presse : “ce n’est pas la question aujourd’hui”.
Mais les électeurs ne sont pas la presse, et cette esquive entraîne des réactions. “La question elle est là, […], si c’est pour repartir avec la même troupe, et la même salade, pour les années à venir…”, dit Daniel Grillot, l’un des sympathisants.
Jean-Luc Lecomte refuse encore à plusieurs reprises de répondre au sujet d’une alliance avec les socialistes, malgré une hostilité palpable des présents sur le sujet1. C’est le conseiller municipal Emmanuel Colletis qui finit par parler clairement : “Le rejet de Philippe Nguyen Thanh, on en est tous conscients, mais c’est lui qui doit se rendre compte que c’est lui qui est le repoussoir.”
L’implacable arithmétique électorale
Les sympathisants, attentifs mais plutôt sceptiques face aux discours des communistes.
Jean-Baboux, militant depuis longtemps, livre quelques réflexions à l’assistance. Selon lui Jean-Luc Miraux, l’ancien maire UMP désormais sans parti, n’est “pas sûr” d’arriver en tête face à Sébastien Lecornu, “un type très intelligent et très adroit”. Il estime possible une élimination au premier tour, même s’il rappelle “la nécessité d’un Front National fort” pour que la gauche ait une chance.
Jean-Luc Lecomte se trouve un peu perplexe face à des militants remontés, et demande à plusieurs reprises “comment on empêche ça”. A quoi il est répondu, en forme d’épitaphe : “ça se paye, les erreurs”.
Personne n’a fait mystère du fait que la grande majorité des électeurs de gauche de la ville vit dans les quartiers des Boutardes et des Valmeux. Des électeurs dont une partie de non négligeable semble convaincue par les arguments de Jean-Luc Miraux et de son équipe.
Suffisamment pour ne pas faire gagner la gauche, d’après les présents originaires de ces quartiers. Sans compter l’abstention, sujet dont il est discuté sans fard : “Comment voulez-vous que les gens des cités puissent venir se battre, ils ont du mal à croire” aux promesses de la gauche.
L’emploi, sujet majeur pour les présents
Les seuls jeunes présents ce soir-là n’ont pas fait mystère de l’importance pour eux de l’attractivité économique de la ville.
La majorité de gauche est maintenant au pouvoir depuis cinq ans. Avec des résultats plutôt mitigés concernant le dynamisme économique, ce qui donne, “à peine schématisé” par Jean-Luc Lecomte : “La caserne il n’y a rien, la fonderie il n’y a rien, le LRBA, à ce jour même le projet muséal est abandonné, on en est à est-ce qu’on fait un golf écologique là haut ?”2.
Si les dirigeants du PC vernonnais mettent en avant l’emploi industriel, c’est loin d’être le cas des sympathisants. Ces derniers défendent “l’attractivité” économique de la ville avant tout, avec le tourisme comme élément moteur3.
La formation, l’accompagnement des créateurs d’entreprises et la simplification des démarches sont aussi mis en avant. Des sujets où un petit malaise a été visible chez les dirigeants du PC, peu habitués au soutien à la création d’entreprise.
On en revient toujours aux alliances, finalement. Des militants se demandent à quoi bon se battre si c’est pour que les mêmes soient élus. C’est Emmanuel Colletis qui répond à cette attente. Il encourage les sympathisants à “ne pas faire confiance”, et à s’imposer au sein des listes. “Il ne faut pas se dire qu’on va laisser les élus” agir pour soi-même, affirme-t-il. Aucun responsable présent ne va jusqu’à proposer une place. Même au PC, il faudra donc la prendre…
Une version raccourcie de cet article a été publiée dans Le Démocrate du 24 juillet. Il conclut le partenariat passé il y a quelques mois entre ce site et l’hebdomadaire, car je deviens correspondant pour Paris Normandie (uniquement cet été pour le moment). Plus d’explications (et sûrement quelques changements) en septembre, dans le billet de rentrée sur la vie du site.
- Et l’inimitié publique de l’adjoint pour ses alliés au sein de la majorité.
- L’adjoint et Emmanuel Colletis en ont tout de même profité pour parler des deux réussites directement dûes, selon lui, à l’intervention des communistes : l’instauration du quotient familial pour les services municipaux, et la défense de l’hôpital au travers du Comité de défense.
- Des propositions concrètes sont émises au passage, comme une guinguette en bord de Seine. D’autres déplorent l’absence d’hôtels, et l’insuffisance d’animations spécifiquement dédiées aux touristes. Une militante s’insurge du remplacement de l’ancienne piscine d’été par “un bac à sable” alors qu’il y a une attente de plus en plus longue pour accéder à la piscine de Saint-Marcel pour ceux qui ne veulent que nager.