Vernon Politique

Quel avenir pour le stationnement à Vernon ?

EdNonrev

Parking et rue Émile Loubet, avril 2011.

 

Lors du vote du budget prévisionnel 2012, au conseil municipal du 16 décembre, les élus ont constaté que le budget consacré au stationnement souterrain était nettement déficitaire. Selon la mairie, ce déficit est en grande partie dû au parking de l’espace Philippe Auguste, interdit depuis deux ans aux visiteurs. On apprenait aussi l’arrivée probable du PV électronique à Vernon.

 

Dans le rapport ayant mené au remaniement de la rue d’Albuféra et à la création à venir de rond-points, était analysé le fonctionnement du stationnement payant à Vernon. Le rapport concluait à l’inefficacité de la configuration actuelle. Diverses préconisations pour améliorer ce système y figuraient également, et je suis allé interroger sur ce sujet Jean-Luc Lecomte, l’adjoint à l’urbanisme.

 

Gabriel Sino, l’adjoint en charge du stationnement, nous parle également, lors d’un entretien, des premiers retours de la mairie concernant le nouveau parking Émile Loubet. Il explique pourquoi il refuse l’idée que le tarif du parking est trop élevé. Et pourquoi il serait inacceptable, pour la majorité municipale, que les usagers non Vernonnais payent plus cher leur abonnement.

 


Sommaire :

  1. Le stationnement, une affaire qui rapporte ?
  2. Un avenir payant, et peut-être zoné, pour se garer en centre-ville
  3. Police municipale et PV électroniques
  4. Parking Émile Loubet : objectif (presque) atteint pour la mairie

 

 

 


 

Le stationnement, une affaire qui rapporte ?

 

En ce qui concerne le stationnement dans son ensemble, Guillaume Guibet a pu me donner les recettes totales des parcmètres en 2011 : ce sont pas moins de 380 000 euros qui sont rentrés dans les caisses de la ville, ce qui comprend le stationnement en surface et les deux garages souterrains municipaux. Ce chiffre est en nette hausse par rapport à 2010 (+15 %).

 

Mais si l’on regarde la gestion des seuls garages souterrains, on observe un déficit important de 53 000 euros prévu pour le budget prévisionnel 2012, en hausse de 50 % par rapport au budget prévisionnel 2011. Selon l’adjoint aux Finances, cet important déficit est dû à la fermeture du parking de l’espace Philippe Auguste aux non abonnés et aux travaux qui y sont effectués.

 

Cette longue fermeture est dûe à des problèmes techniques, ainsi qu’à une volonté de la mairie de regrouper les différents contrats d’entretien pour réduire les coûts. Cette volonté a entraîné des retards très importants car les dates de fin des contrats actuels ne sont pas synchronisées. La mairie assure toutefois que ces problèmes, contractuels comme techniques, seront résolus au plus tard pour cet été1.

Le rapport remis à la mairie en 2011, qui a abouti pour le moment aux travaux rue d’Albuféra, s’étendait longuement sur la situation actuelle du stationnement dans le centre-ville. Le taux de rotation des véhicules, qui détermine la fréquence de libération des places pour une période donnée, est selon le cabinet d’expertise beaucoup trop faible actuellement. Cette situation est jugée “inadmissible” , et due à un stationnement “ne correspondant pas aux besoins des usagers”. Ceux-ci ne seraient en effet pas incités à se diriger vers les bonnes zones de stationnement2.

 

Trois options étaient proposées dans le rapport, deux furent éliminées par les services de l’urbanisme :

  • La gratuité complète, qui n’entraînerait pas une rotation suffisante des véhicules.
  • Une zone bleue sur tout le centre-ville, gratuite mais limitée en temps. Cela nécessiterait des employés de la police municipale pour la surveillance, sans rien rapporter à la mairie.

 

La troisième passerait par la modification des zones actuelles, avec des tarifs et les durées de stationnement maximales plus différenciés, pour améliorer le taux de rotation dans l’hypercentre de la ville. Le rapport préconise ainsi un tarif à 2,50 euros l’heure, et une limitation à une heure dans la zone la plus fréquentée3.

 

Philippe Nguyen Thanh se montre réservé quant à l’adoption du système recommandé dans le rapport :

Nous sommes toujours en train de regarder les préconisations du cabinet, notamment pour l’hyper-centre, pour le reste [NdA : les autres zones] nous sommes plus circonspects.

 

Pour l’instant, la seule modification certaine pour le stationnement à Vernon concernera la modification du quart d’heure de stationnement gratuit. En effet, la quasi-totalité des tickets de stationnements sont des quarts d’heure, y compris par des usagers dont les voitures restent bien plus longtemps, ce qui cause ce taux de rotation très mauvais dans le centre-ville.

 

La mairie, plutôt qu’une suppression pure et simple de ce quart d’heure bien pratique, envisage un système de rationnement des usagers. Les Vernonnais pourraient ainsi se voir fournir une carte magnétique leur offrant un quart d’heure gratuit par jour. Problème : cela nécessiterait de modifier les horodateurs, et la mairie discute actuellement avec les prestataires techniques pour le faire au moindre coût4.

 

 

 


 

Police municipale et PV électroniques

 

Philippe Nguyen Thanh se dit “favorable” au PV électronique, dont le fonctionnement passe par une saisie directe et télétransmise par les ASVP de la police municipale5. La mairie bénéficiera d’une aide de l’Etat pour ce changement. Cela devrait également permettre de faire diminuer les charges de personnel liées au stationnement, en affectant à autre chose que du travail administratif les policiers municipaux6.

 

Jean-Luc Lecomte, lors de notre entretien, a voulu faire passer un message aux Vernonnais : “notre souci n’est pas de mettre des PV, mais que les clients du commerce vernonnais puissent stationner facilement” . Il m’informait également du fait que la municipalité n’a aucun intérêt financier à mettre plus de PV, car c’est le Trésor Public qui les encaisse. La ville touche en retour une redevance au montant déterminé par l’État, montant qui n’a pas de rapport avec le nombre de PV encaissés.

 

 

 


 

Parking Émile Loubet : objectif (presque) atteint pour la mairie

 

Avec les dysfonctionnements du parking de l’espace Philippe Auguste, c’est le parking municipal Émile Loubet, près de la gare, qui fait polémique depuis l’année dernière parmi les Vernonnais. Il remplace une zone de stationnement illégale, sur un terrain appartenant à la SERNAM (filiale de la SNCF) et maintenant loué par la mairie7. La fréquentation actuelle du parking et de ses 149 places est selon la mairie relativement bonne, sans être optimale8.

 

L’association Vernon Train de Vie s’était plainte du fait que l’abonnement à ce parking coûte trop cher aux non-Vernonnais, lors de l’ouverture du parking, en septembre 20109. Gabriel Sino s’est montré pour sa part très clair à ce sujet :

On a proposé aux autres collectivités de participer aux frais [de fonctionnement], ce qui aurait pu nous permettre d’appliquer le même tarif pour tous. Pour savoir à qui s’adresser, on a fait des études de provenance [des usagers de la gare] , et on a contacté les communes concernées. Aucune n’a accepté de payer.

 

En ce qui concerne les tarifs dans leur ensemble, Gabriel Sino affirme que ceux-ci sont déjà très favorables aux usagers. En effet, le but de l’ouverture d’Émile Loubet était avant tout de “répondre aux besoins des riverains de la gare et des habitants de la région”. La simulation qui fut faite pour déterminer les tarifs fut donc la plus favorable aux usagers, pour un budget à l’équilibre donc sans bénéfices pour la mairie. Ainsi, actuellement, ce parking connaît un déficit, que l’adjoint explique :

On a fait des simulations pour les tarifs, et on a choisi de faire avec un budget qui sera équilibré si le remplissage est à son maximum, ce qui n’est pas le cas actuellement.

 

 

  1. La mairie avait choisi de ne pas laisser ouvert gratuitement aux visiteurs ce parking durant les dysfonctionnements, comme elle l’a fait depuis le mois de décembre et les travaux rue d’Albuféra. C’est, selon l’adjoint à l’urbanisme Jean-Luc Lecomte, pour “des problèmes d’équité vis-à-vis des autres usagers” qui se gareraient sur des places payantes en surface.
  2. Ce qui signifie que des Vernonnais stationnent toute la journée dans l’hypercentre, alors que les tarifs devraient les inciter, s’ils restent longtemps, à se garer un peu plus loin.
  3. Voir la carte ci-dessus pour plus de précisions.
  4. Mise à jour, 23 janvier 2012 : une autre solution pourrait être, selon le maire, d’ajouter un quart d’heure gratuit sur le temps de stationnement payé par l’usager. Là encore, il faudrait modifier les parcmètres.
  5. Les PV actuels nécessitent plusieurs étapes de compilation administrative, donc du temps supplémentaire après la rédaction du PV lui-même.
  6. Il semble que la mairie choisira de réaffecter les heures de travail dans un autre secteur que la surveillance du respect des règles de stationnement. Pourtant, Jean-Luc Lecomte me déclarait il y a quelques semaines ne pas être contre un ou deux ASVP supplémentaires, un besoin d’ailleurs identifié dans le rapport sur la circulation du cabinet d’expertise.
  7. C’est, selon Gabriel Sino, une des raisons ayant mené aux protestations des usagers. Ces derniers auraient ainsi “été surpris” de devoir payer à un endroit où ils se garaient auparavant gratuitement. L’adjoint précisera également que la SNCF voulait alors fermer ce terrain : la mairie a préféré le transformer en espace de stationnement légal et payant plutôt que de le voir disparaître.
  8. Garbiel Sino indiquera à ce sujet que la fréquentation d’Émile Loubet par les usagers est “très fluctuante”selon les jours et les heures. Il ne pourra, pour des raisons techniques, me donner le nombre exact d’abonnés.
  9. En 2012, l’abonnement coûte 27 euros par mois aux usagers vernonnais, contre 40 pour ceux qui vivent hors de la commune.