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Vernon, la place de Gaulle bientôt réaménagée, le stationnement fait polémique

EdNonrev

Visuel du projet de réaménagement de la place De Gaulle, vu du croisement de l

Visuel du projet de réaménagement de la place De Gaulle, vu du croisement de l’avenue Pierre Mendès France et de la place de l’Ancienne Halle | Source : mairie de Vernon & cabinet Berim

C’est un changement qui avait été annoncé en 2012 par la majorité. Elle a récemment présenté le réaménagement aux commerçants de la place, et fait voter les travaux au conseil municipal. A chaque fois, il a été longuement discuté du stationnement un peu réduit.

Le bureau d’études Berim, chargé de la conception et de la maîtrise d’oeuvre du projet, a essayé de “changer la vision” actuelle de la place pour que “le piéton soit prioritaire”. Le tout sans creuser plus de quarante centimètres, pour un budget de 585 284 € HT et un début des travaux en juillet.

Sommaire :

  1. Donner plus d’espace aux piétons, un objectif avoué
  2. Infographie de la future place De Gaulle
  3. Pour les commerçants, le stationnement passe avant tout
  4. Au conseil municipal, les écologistes à contre-courant

Donner plus d’espace aux piétons, un objectif avoué

Aménagement actuel de la place De Gaulle, exclusivement dédiée au stationnement.

Aménagement actuel de la place De Gaulle, exclusivement dédiée au stationnement.

La place De Gaulle, ainsi qu’une petite partie de la place du Vieux René, verront leur revêtement refait avec des pavés de différentes couleurs et tailles. De grosses jardinières plantées d’arbres, mobiles, seront installées sur le centre de la place, toujours occupé par des places de stationnement1.

Les nouveaux sens de circulation et sens uniques des rues qui entourent la place.

Les nouveaux sens de circulation et sens uniques des rues qui entourent la place.

Les voies de circulation seront réduites, mises en sens unique voire fermées, et délimitées par des plots en métal et des bornes amovibles. Les trottoirs seront élargis, sans différence de niveau avec la rue2. L’éclairage, qui sera installé, “pas trop violent mais très homogène” selon le premier adjoint Jean-Luc Piednoir (PS), sera donc moins puissant, situé plus bas, suivant les préceptes de l’ANPCEN.

Le stationnement tel que prévu par le cabinet Berim. Il faut y ajouter, dans la dernière version, des places de stationnement supplémentaires rue des Tanneurs.

Le stationnement tel que prévu par le cabinet Berim. Il faut y ajouter, dans la dernière version, des places de stationnement supplémentaires rue des Tanneurs.

Le projet du cabinet Berim prévoit de 20 à 30 places de stationnement en moins sur la place De Gaulle, qui en compte 112. Quant à l’écoulement des eaux, il sera assuré par de grands canivaux transversaux.

Compte tenu du dérangement qui sera provoqué par les travaux de la place (et les autres), la mairie prévoit de rendre les deux premières heures de stationnement gratuites du 17 juin au 15 septembre.


Infographie de la future place De Gaulle

Cliquez pour voir ce qui change dans la future place De Gaulle. Toutes les citations sont extraites des présentations du cabinet Berim :

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Pour les commerçants, le stationnement passe avant tout

Une quinzaine de commerçants étaient venus voir le maire et le bureau d

Une quinzaine de commerçants étaient venus voir le maire et le bureau d’études Berim présenter le projet.

Deux réunions ont eu lieu il y a un mois avec les commerçants de la place, l’une pour qu’ils expriment leurs demandes, l’autre une semaine plus tard pour que le bureau d’études leur présente la version rectifiée du projet.

Lors de la seconde réunion, la mairie a affirmé que ce réaménagement était “réfléchi dans le cadre du Fisac“, avec “un dialogue global”. L’objectif est de donner “une place plus large devant les vitrines pour redynamiser le commerce”.

Les urbanistes expliquent et justifient leurs choix face à l

Les urbanistes expliquent et justifient leurs choix face à l’ancien maire Jean-Luc Miraux, qui était présent : “Je pense qu’on pouvait sans doute trouver une solution plus intermédiaire”.

Mais ce sont le stationnement et les places perdues qui ont été le sujet le plus, sinon le seul, abordé pendant une heure. La mairie et le cabinet ne voulaient pas trop admettre la perte de presque trente places. Les commerçants ne voyaient pas l’intérêt d’un agrandissement des espaces piétons. Ou des sens interdits. Ou de la fermeture d’une rue.

Une demande d’indemnisation a également été faite pour les commerces de la perte de chiffre d’affaire durant les travaux. Jean-Luc Piednoir a répondu que ces indemnités n’étaient données “que si le magasin est inaccessible au public”, ce qui ne sera pas le cas place De Gaulle.

L’un des présents résumait ainsi les attentes après la présentation : “j’espère que ce sera aussi fonctionnel” que ce qui a été dit sur les livraisons, le marché et le stationnement. Pour nuancer la tonalité plutôt négative de la soirée, Sylvie Chevauché, la nouvelle présidente de l’UCIAL de Vernon et commerçante de la place, s’est montrée plutôt satisfaite du projet présenté.


Au conseil municipal, les écologistes à contre-courant

Jean-Claude Mary (à gauche), l

Jean-Claude Mary (à gauche), l’ex-adjoint écologiste, s’est élevé contre la volonté de la majorité de conserver la majorité des places de stationnement.

Après une présentation du projet par le bureau d’études, Jean-Luc Miraux (liste Vernon Tous Ensemble) a parlé d’un dossier “de qualité”. Il s’y oppose cependant pour des “raisons de forme” et ce qu’il qualifie d’une “concertation d’apparat”, s’étonnant du fait que les habitants de la place n’ont pas été conviés à une quelconque réunion.

Sur le fond, il estime que la majorité a “pris le parti de supprimer entre trente et quarante places de stationnement et non pas quelques-unes, affectant sans doute des commerçants bien éprouvés”, et s’est plaint des détours induits par la mise en sens unique des rues. L’ancien maire UMP a aussi regretté que les places de l’Ancienne Halle et du Vieux René ne soient pas “aménagées dans la foulée”3.

Bernard Touchagues (ex-élu FN, liste l’Union Pour Vernon) a aussi déploré que ce dossier soit “traité de façon isolé”, alors que “le centre-ville est un tout”. Il a fait remarquer, face à l’affirmation de la majorité de vouloir redonner de la place aux piétons : “un certain nombre de piétons qui viennent sur cette place le font en voiture”4.

Il aurait de même apprécié “une concertation plus précoce”. Il a demandé à la majorité de “retravailler” ce dossier, pour “faire en sorte qu’il soit plus pertinent par rapport aux besoins de la ville”5.

Du côté des écologistes, Jean-Claude Mary a formulé les même critiques. Une concertation “assez contestable”, les élus ayant reçu le dossier cinq jours avant le conseil municipal. Et une “approche ponctuelle de la place”, alors que “le centre-ville est un ensemble systémique”.

L’ex-adjoint s’est ensuite adressé à tout le conseil municipal, pour “remettre en cause” un “préjugé” :

Si on veut vraiment rendre ce centre-ville attractif, nous pensons qu’il faut lever cet espèce de tabou du nombre de places de stationnement.

La rue Carnot, seule section (très) partiellement piétonnière du centre-ville de Vernon.

La rue Carnot, seule section (très) partiellement piétonnière du centre-ville de Vernon.

Il a donné l’exemple réussi du centre-ville de Rouen, réalisé par Jean Lecanuet malgré l’opposition des commerçants. Avant de pointer la seule tentative réalisée en ce sens à Vernon, rue Carnot :

Monsieur Asphe a voulu un espace piétonnier, il a tenté de la faire. Il s’est retrouvé dans une situation inextricable, avec des pressions des commerçants. On a abouti à ce compromis pas très satisfaisant.

Sur la forme, Philippe Nguyen Thanh (PS) a répondu que les élus de la majorité et les services de la ville avaient “réfléchi tous ensemble” pour intégrer le projet dans une “vision globale” de la ville6. Quant au délai d’une semaine entre l’intégration des demandes des commerçants et la réunion de présentation, il a tenu à assurer que c’était “à la fois assez chaud et totalement réalisable” pour le bureau d’études.

Sur le fond, le maire a voulu “garder le parking” d’une place sur laquelle “on n’allait pas par plaisir”. Mais aussi être “en conquête” pour réduire la place du stationnement. Les trottoirs, sans différence de niveaux, seraient de leur côté “moins dangereux” dans les villes où ils ont été mis en place. Pas de quoi convaincre la droite et les écologistes, qui ont voté contre le projet.


Aller plus loin

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Le Démocrate : A quoi ressemblera la place De Gaulle ?

Caméra Diagonale : Ces rues piétonnières dont personne ne veut & Vernon Place De Gaulle, une rénovation en pointillé (interview de Jean-Claude Mary)

  1. Il ne fallait pas creuser pour éviter de devoir faire réaliser un examen archéologique avant les travaux, ce qui entraîne des délais supplémentaires.
  2. Concernant les personnes à mobilité réduites, cela doit permettre de “gommer les effets de plateau pour les gens en fauteuil” d’après le cabinet Berim.
  3. Sur la place du Vieux René, le revêtement de la place De Gaulle s’étendra jusqu’au niveau de la terrasse du bar. Il était prévu en 2012 qu’elle soit en chantier après la place de la République, projet repoussé après les élections municipales.
  4. Quelques semaines plus tard, Bernard Touchagues précisera qu’il n’est pas opposée à une place De Gaulle entièrement piétonne, à la condition qu’une augmentation importante du stationnement ait eu lieu lors du réaménagement de la place de la République, quitte à perdre du temps pour procéder aux indispensables fouilles archéologiques. Ce qui n’a pas été le cas, la majorité ayant préféré ne pas toucher au sous-sol pour un éventuel parking souterrain ou aérien à étages.
  5. D’autres critiques adressées par Bernard Touchagues : les piquets qui délimitent les passages “seront tordus”, c’est un aménagement “accidentogène”, et ils poseront problème pour l’accès des camions au marché. L’absence de différence de niveau entre rue et trottoirs est “un danger pour les enfants”.
  6. Et que les ateliers de concertation pour le plan local d’urbanisme (PLU) avaient permis d’intégrer les demandes des habitants.