Vernon Politique

Ligne Rouen-Paris : un avenir peu engageant

EdNonrev

La SNCF et RFF mettent en avant la rénovation du réseau TER. Mais sans augmentation de la fréquence des trains sur la ligne Rouen-Paris, ce sont les 30 % d’augmentation des voyageurs en 2020 qui inquiètent. | Source : panneau d’information SNCF en gare de Vernon.

Le stand tenu par des responsables de la SNCF en gare de Vernon avant-hier, dont on vous parlait dans le précédent article, était aussi l’occasion pour la SNCF de faire part de ses prévisions en termes de fréquentation. Des prévisions qui n’augurent rien de bon pour les usagers.

La fréquentation du TER Rouen-Paris continue d’augmenter d’année en année. La SNCF envisage environ 30 % de passagers en plus en 2020 sur les TER au niveau national, une augmentation qu’on devrait retrouver dans une certaine mesure sur les réseaux TER normands et la ligne Rouen-Paris1 . Pourtant, le confort sur la ligne est déjà problématique aux heures de pointe : on peut fréquemment voir des passagers voyageant debout, ou assis sur les escaliers2.

La SNCF prévoit deux facteurs d’amélioration du confort des passagers dans les années à venir :

  • La SNCF, par l’intermédiaire de RFF, a commencé à rénover une bonne partie de la ligne entre Rouen et Paris. Les conducteurs pourront alors rouler plus vite sur des secteurs aujourd’hui limités pour raisons de sécurité, et donc mieux rattraper tout retard éventuel. Ce programme devrait durer jusqu’en 2016, et améliorer la ponctualité des trains. Sans que ces trains ne soient plus nombreux ou le temps de trajet plus court, la SNCF considère que la réduction des retards bénéficiera au confort des passagers.
  • Le projet Eole-Ouest, qui devrait relier Mantes-la-Jolie à Paris par une nouvelle ligne, est aussi cité par la SNCF3 . Elle considère que ces trains supplémentaires allégeront fortement le remplissage des TER de notre ligne entre Paris et Mantes-la-Jolie. Toutefois, les intervenants du stand de la gare de Vernon n’en semblaient, eux, pas si sûrs, tant la demande est élevée sur cette liaison.

Cependant, aucune autre amélioration n’est prévue d’ici à 2020 pour absorber la demande supplémentaire. Aucun train supplémentaire en heures de pointe n’est envisagé sur la ligne Rouen-Paris, car le « nœud ferroviaire mantois » est complètement saturé (même avec l’hypothétique arrivée d’Eole) . Le responsable de la SNCF présent mercredi, Christophe Lamisse, s’est montré très clair sur le sujet, en exprimant lui-même la problématique qui se pose aujourd’hui pour la SNCF : « Comment répondre à ces augmentations sans modifications des infrastructures ? » .

La réponse est dans la question que pose Christophe Lamisse : on voit difficilement comment une ligne déjà saturée aux heures de pointe pourra encaisser jusqu’à un tiers de voyageurs en plus d’ici dix ans. Une ponctualité améliorée semble ainsi presque anecdotique quand on imagine le futur remplissage des trains aux heures de pointe. Les usagers de la ligne peuvent donc d’ors et déjà se préparer à des conditions de voyage qui se dégraderont d’année en année pendant la prochaine décennie, alors même que la situation actuelle est déjà considérée comme mauvaise par nombre d’usagers.

Les seuls espoirs possibles sont à long voire très long-terme : il est possible que le projet Eole-Ouest améliore la situation entre Mantes-la-Jolie et Paris. Mais aussi que l’incertaine LGV Paris-Rouen-Le Havre permette de désaturer un peu la ligne TER, en retirant les voyageurs allant de Rouen à Paris. Cette LGV, si elle voit le jour, pourrait également créer une ligne supplémentaire à Mantes, ce qui rendrait enfin possible une augmentation de la fréquence des trains aux heures de pointe. Pas sûr toutefois que les usagers attendent 2020 (minimum) sans broncher…

  1. Seul le chiffre national est connu par la SNCF, qui ne peut être aussi précise pour la Normandie. Pour le responsable des relations institutionnelles des TER haut-normands, « il semble néanmoins évident que le besoin de mobilité augmentera sur cet axe. » .
  2. Même si une partie de ces problèmes est également liée à des questions de matériel et non de voies ferrées, des trains longs étant parfois remplacés par des trains courts. Plus de détails sont disponibles sur le blog de l’association Vernon Train de Vie : ici et ici par exemple.
  3. On parle au mieux d’un achèvement des travaux en 2017, au pire en 2020. Autant dire pas tout de suite…